Lettre
de Pierre Laurent :
C’est avec une immense
émotion que j’ai appris le décès de Robert Créange. C’est une grande
figure du combat communiste et progressiste, un combattant des valeurs
de liberté d’égalité et de fraternité qui nous quitte. Un homme
qui n’a eu de cesse également de faire connaître et de témoigner
sur ce que furent les années noires et la réalité de la déportation.
Né le 18 avril 1931 à Paris, il échappa de peu à l’arrestation en
Juillet 1942, au moment où ses parents décidèrent de gagner la zone
sud. Ses parents furent déportés à Auschwitz, d’où ils ne revinrent
pas. Robert avait 11 ans et fut élevé par sa tante, ainsi que sa
sœur Françoise.
Multiples étaient les facettes de ce militant de l’émancipation
humaine: instituteur, homme de culture, c’est sans relâche qu’il
transmettait aux nouvelles générations les savoirs et connaissances
qui feraient d’elles et eux des citoyen-ne-s libres. Ce métier d’instituteur
il l’exerça avec passion dans le Loir et Cher, au Niger, puis en
région parisienne à Maisons-Laffite et Rueil- Malmaison. C’est dans
cet esprit qu’il travailla au secteur loisirs et culture du CE de
Renault, mais aussi au centre de vacances du comité d’entreprise
ou encore au secteur Enfance-Jeunesse du CE de Renault-Billancourt
dont il fut nommé responsable en août 1968.
Robert aimait les gens, aimait le dialogue, était attentif aux besoins
et attentes de ses concitoyens. Cet humanisme profond qui le caractérisait
fit de lui un militant syndical et politique dont le dévouement
n’égalait que le courage et le franc parler. Il exerça de nombreuses
responsabilités dans le Loir et Cher puis dans les Hauts de Seine,
à la section de Boulogne Billancourt. C’est dans cette ville qu’il
fut élu conseiller municipal de 1983 à1995, plus spécialement attaché
aux problèmes de l’enseignement, de la jeunesse et du logement.
Robert avait également conscience que toute construction d’avenir
ne peut se concevoir sans une connaissance de l’histoire. Marqué
dans sa chair par les années d’occupation, il était un transmetteur
de mémoire. Responsable local, puis départemental de la Fédération
nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP),
il en fut élu le secrétaire général au congrès en 1994. Il multipliait
les interventions dans les établissements scolaires, témoignait
de l’horreur de la déportation et des camps, évoquait le courage
des femmes et des hommes qui résistèrent, évoquait le souvenir des
fusillés, notamment du Mont Valérien et de la cascade de Boulogne
dont il animait le comité de souvenir.
Cet inlassable travail de citoyen fut récompensé par un titre de
chevalier dans l’Ordre national du mérite. Robert est un homme qui
fait honneur à son parti et, dans les temps troublés que nous traversons,
à la nation tout entière.
Je fais part en mon nom, en celui du Conseil National du PCF, à
sa famille, à ses camarades du Loir et Cher et des Hauts de Seine,
à ses amis et proches de toute la sympathie et de la reconnaissance
des communistes français. Merci Robert, tu resteras à nos côtés
dans les combats que nous poursuivrons et mènerons à bien.