«
Colonel Fabien » et les Journées européennes du patrimoine
Depuis plus de
20 « Colonel Fabien » ouvre ses portes à l’occasion de ces journées.
Des camarades bénévoles, accueillent, guident, renseignent, les
visiteurs et les visiteuses... Le programme, les dispositions sanitaires,
l'inscription pour la terrasse sont accessibles sur le site Espace
Niemeyer .
Classé au patrimoine national en 2007, année des cent ans d’Oscar
Niemeyer, auteur de cet ouvrage, nous avons néanmoins participé
à ces journées à partir de 1999. Des 800 visiteurs et visiteuses
de cette première édition, nous avons pu en compter jusqu’à 6 à
8 mille dans les éditions « ante-crise sanitaire ». Oscar Niemeyer,
sûr de son fait ne s'y était pas trompé quand en juin 1980, lors
de l'inauguration, il parlait d’une «... œuvre qui constituera dans
cette ville, j’en suis sûr, un exemple de l’architecture contemporaine,
et même, permettez-moi de le dire, un point d’attraction et de tourisme
». Véritable prophétie.
Exemple
d’architecture contemporaine ?
Des
élèves d’écoles d’architecture françaises, mais aussi de différents
pays viennent admirer, étudier et croquer cette œuvre qui compte
parmi les plus remarquables de ses quelques plus de 500 réalisations
dans le monde. La France a le bonheur d’en compter 4: la Maison
de la culture au Havre, l’ancien siège de L’Huma à Saint-Denis,
la Bourse du travail à Bobigny et « Colonel Fabien » ainsi qu’une
contribution à des bureaux de la Société générale à Fontenay-sous-bois.
Oscar Niemeyer a également réalisé la scène centrale de la fête
de l’Huma de 1978, ainsi qu’une sculpture au Parc de Bercy à Paris.
Une
attraction ?
Il
est évident qu’en sortant du métro Colonel Fabien, cette grande
façade de verre ondulant légèrement au-dessus du sol et reflétant
le ciel, ne peut qu'attirer la curiosité. Les photos, trouvées sur
le web, dans des revues de mode, des films ou des clips entre autres,
de la salle du Conseil national et ses 16 000 lamelles blanches
a quelque chose de magique. Elle est l’attraction première de ces
visites. Sa forme et l'ouverture de ses portes semblent un rappel
des films de science fiction. Oscar Niemeyer dira : « Il y a quelque
chose de spatial dans la salle ».
Le
fait d'être le siège d’un parti politique, le siège du Parti communiste
français attise aussi la curiosité. Comment ce parti peut-il être
toujours propriétaire de son siège, quand d'autres ont vendu le
leur ? Quand les autres occupaient des bâtiments classiques parisiens,
le PCF a été et reste le seul parti politique a avoir construit
son siège, une construction qui s'oppose à la rigueur haussmannienne.
Révolutionnaire n'est-il pas ?
De
tourisme ?
Si
l’on entend par « tourisme » la visite de monuments historiques,
oui le siège du Parti communiste est un monument historique. « Parti
frère, parti de la classe ouvrière » comme le disait Oscar Niemeyer,
au cœur de l'Est Parisien avec sa population engagée dans la Commune
de Paris, notre bâtiment se dresse face au Sacré-Coeur comme la
continuité des luttes de la classe ouvrière.
Au
début du XIXe siècle, elle représentait 80 % de la population du
19e arrondissement qui était la plus grande concentration industrielle
de Paris. Au 8 avenue Mathurin Moreau, ici, se trouvait la Maison
des syndicats « un des hauts-lieus du mouvement ouvrier international
» comme le disait Maurice Thorez.
En
1925, son terrain hérite d’une construction révolutionnaire, le
Pavillon soviétique de l’Exposition des Arts Déco offert au PCF
à la fin de l’exposition. Ses salles sont mises à disposition des
organisations ouvrières. S’y ouvre la première université ouvrière
qui deviendra l’Université nouvelle. En 1931, lors de l'exposition
coloniale de Paris « la maison des soviets » héberge une contre-exposition
à laquelle contribuent, entre autres, Eluard, Aragon, Breton. En
1936, s’y installe le Comité National pour la défense du peuple
espagnol, d’où partiront les volontaires pour des Brigades internationales
dont un certain Pierre Georges, habitant du 19e. Gravement blessé
il rentre en France en 1938. Arrêté en 1939, il s'évade et rejoint
en 1940 l'Organisation Spéciale, unité combattante qui deviendra
les FTP. En 1941 sous le pseudo de « Frédo », il tue un aspirant
de la marine allemande à la station Barbès, premier acte militaire
contre l'occupant. Arrêté, évadé à multiples reprises, recherché,
il deviendra en 1944 le « Colonel Fabien » responsable FTP en Ile-de-France
sud. A la poursuite de l'armée allemande il périra en décembre 1944
en manipulant une mine. Erreur ou assassinat la question reste posée.
L'ancienne
Place du Combat devient, en 1945, la Place du Colonel Fabien, et
en 1971 se mêlent nos acronymes : PCF
Gérard
Pellois