Euro-manifestation à Issy contre les restructurations chez Coca-Cola février 2006

Avenir nébuleux pour les salariés de Coca-Cola

La multinationale entreprend des restructurations dans plusieurs pays européens pour écrémer 600 salariés.
Manifestation, hier à Issy-les-Moulineaux, devant le siège social européen.

En plein secteur de bureaux, dans le quartier Val de Seine, rue Camille Desmoulins, le siège social de Coca-Cola se trouve en face de celui de Hewlett Packard, sur le trottoir opposé. Une coïncidence assez symbolique pour être soulignée...
Car, quelques mois seulement après l’annonce de centaines de suppressions de postes chez le géant informatique, c’est au tour des salariés de « la marque la plus connue du monde » d’essuyer les conséquences de la logique actionnariale.
Sans annonce internationale globale, la firme de boissons gazeuses procède depuis 2005 à des restructurations importantes dans plusieurs pays européens.
Hier, à l’appel de la Fédération européenne de l’alimentation (EFFAT), plus de 400 manifestants ont décidé, en guise de protestation, de planter le piquet de grève toute la journée devant le bâtiment d’Issy-les-Moulineaux, qui abrite les directions nationale et européenne de la multinationale.

Selon Simon Cox, le coordinateur transnational pour EFFAT, 600 emplois seraient supprimés en Europe d’ici deux ans.
Principale et dernière victime touchée par une restructuration révélée à la fin de janvier : la Grande-Bretagne, avec 170 postes menacés. Mais aussi la France avec un plan social concernant 142 emplois, et le Luxembourg, ou encore les Pays-Bas.
En Belgique, les salariés de Coca-Cola subissent la troisième réorganisation nationale en moins d’un an. « Il y a d’abord eu la reconfiguration du secteur vente, puis celle de l’usine d’embouteillage de l’eau minérale Chaudfontaine, et maintenant la fermeture de trois sites de distribution », énumère Björn Desmet, du syndicat FGTB. « Au total, 119 emplois belges supprimés », confirme Henk Vont Hournout, responsable CSC sur le site Coca-Cola de Bruges.

stratégie boursière de l’entreprise

En France, les 142 suppressions de postes sont réparties dans trois secteurs : le « vending », la logitisque et l’administratif. « Nous demandons le retrait pur et simple du plan social annoncé début décembre et détaillé vendredi dernier, car la synthèse de l’expert mandaté par le comité central d’entreprise montre que cela n’a rien à voir avec de mauvais résultats financiers mais uniquement avec la stratégie boursière de l’entreprise », explique Francis Carpentier, délégué central pour la CFE-CGC.
Selon lui, les 28 emplois menacés dans le vending le seraient suite à la décision de l’éducation nationale de retirer 2 500 distributeurs automatiques des établissements scolaires.
Au niveau logistique, la restructuration prévue se traduit par la fermeture des sites de Combs-la-Ville en Seine-et-Marne et Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
Enfin, « la mise en place du projet SAP relatif à de nouveaux logiciels informatiques est un prétexte pour centraliser les services administratifs en Île-de-France et donc supprimer les succursales régionales », analyse Christian Jurcenoks, délégué central CFDT.

En décembre dernier, la direction de Coca-Cola France avait précisé que cette réduction des effectifs serait compensée en partie par la création de 100 emplois commerciaux.
Recevant hier en début d’après-midi une délégation syndicale, la direction s’est engagée à ne procéder à aucun «licenciement sec» en 2006 sur les sites français.

Une promesse qui, parmi les salariés, ne rassure personne car le plan social court jusqu’à fin 2007.

Christelle Chabaud

L’Humanité, Mardi 7 février 2006

7 février 2006

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