Le privé pour gérer les bébés décembre 2005

Pour faire face à la demande des familles (seulement ¼ des demandes satisfaites), Issy concède les crèches au privé.

Décidément, la Municipalité a une curieuse façon de lutter contre le manque de place en crèche : dans tous les domaines, elle semble s'évertuer à accentuer la casse sociale en privatisant !

Cette ouverture au secteur privé des structures d’accueil à destination de la petite enfance, offre de jolies perspectives libérales à certaines entreprises. Selon l’équipe municipale, éthique et économie y feraient, paraît-il, bon ménage.
On ne peut que dénoncer cette entrée en force du privé dans le secteur des services à la personne.

Bien sur, les entreprises concernées jurent sur l’honneur mesurer les enjeux et la déontologie particulière à observer. Ainsi les entreprises de services à la personne disposeraient du personnel qualifié.

Mais de quoi s’agit-il ?

D’apprendre aux agents commerciaux comme aux responsables de services à entendre les remarques des parents, des usagers devenus des clients.
Le personnel sera, en outre, amené à ne pas « se laisser glisser sur le versant affectif », rentabilité oblige, il faut être efficace.
Car il s’agit d’abord d’être rentable (il faut bien rembourser les emprunts). Ceux-ci se rapportant directement à des bébés, comment rationaliser cette activité ?

D’abord en profitant massivement des crédits publics qui manqueront cruellement pour réaliser des crèches publiques.
Le gouvernement Raffarin a débloqué 40 millions d'euros pour le lancement de crèches privées, sur un plan d'investissement de 200 millions (pour 20 000 places) présenté en 2003.
Quant au coût de fonctionnement, une bonne partie est pris en charge par l’Etat sous la forme d’une aide des Allocations familiales et d'une réduction fiscale.

Face à la concurrence, ces sociétés de prestations n’auront d’autre choix que de multiplier la flexibilité.
Les salariés devront donc être fortement disponibles (amplitude horaire maximale au détriment des enfants accueillis) et seront embauchés avec un salaire comprenant des primes liées à la satisfaction du client (mesurée selon quels critères ?).

Autre contrainte de taille pour les nouveaux parents : les bébés de moins d’un an, plus gourmands en personnel, ne sont pas accueillis. Rentabilité oblige.

De surcroît, remarquons que les crèches d’entreprise sont liées à l'emploi. Car elles sont réservées aux salariés des entreprises qui les financent et les employeurs aggraveraient la pression en terme de demandes d'heures supplémentaires.

Tout cela peut faire craindre à Issy, un abandon des crèches municipales, alors que certaines ont déjà été cédées au privé faute de personnel qualifié.
Il est à craindre que seules les familles riches puissent à terme avoir accès à ce système.
En réalité, l’arrivée des entreprises commerciales dans ce secteur d’activité est liée à la cupidité et la mercantalité de jeunes entrepreneurs, souvent issus de prestigieuses écoles de commerce qui ont repéré le bon filon.

Il est vrai qu’ils pallient aux carences publiques dans un domaine qui pourrait être assuré par les pouvoirs publics.

Cette situation constitue une nouvelle illustration du désengagement de l’État, ici comme dans d’autres domaines, qui pose la question de fond, de la nécessité de réinvestir massivement avec des crédits publics dans l’action sociale et l’aide à la personne.

décembre 2005

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