Déjà
63 ans.
Ils sont de moins en moins nombreux, ceux qui ont vécu ces jours
où Paris et les villes avoisinantes se libéraient avec l’aide
des troupes de l’armée Leclerc.
Je ne l’ai pas personnellement connue. Mais la nouvelle de Paris libéré
a très vite et très largement franchi les frontières.
Août 1944 a été l’arrêt de l’enfermement
du pays et de son peuple sous la chape hitlérienne. Un rude arrêt
car les « enfermés » se sont levés pour chasser
l’envahisseur qui les tenait sous sa botte.
La libération est donc vivement ressentie par la population.
Chacun se dit :"Nous ne sommes plus soumis à l’occupation"
Et pour un grand nombre : "Nous nous battons contre l’occupant".
Ces jours-là Paris ajoute un nouvel épisode à sa
légende.
Celle qui remonte aux « révoltés du moyen âge
» ; aux révolutionnaires qui envahissent la Bastille le 14
juillet 1789 ; au mouvement des « trois glorieuses » en 1830
; à la révolution de 1848 et à la proclamation de
la seconde République,
Ou encore aux insurgés de la Commune de Paris en réaction
au siège de Pais en 1870 par les Prussiens.
Un point était mis à quatre années d’occupation
hitlérienne et à la « collaboration du gouvernement
de Vichy » et de ces quatre années de privations pour le
peuple. C’était le résultat des victoires des armées
alliées, notamment américaines, anglaises, françaises
et soviétiques. Mais aussi de quatre années de lutte clandestine
des femmes et des hommes, que l’on appelle « les Résistants
».
Pour ceux qui combattaient sur d’autres fronts, pour ceux qui se
trouvaient dans les griffes de l’ennemi, c’était le
signe d’une prochaine libération.
Je veux dire aussi que le soulèvement parisien, celui des autres
villes ne sont pas nés spontanément. Ils sont le résultat
de mois et de mois, d’années,
- d’inscriptions sur les murs,
- des tracts – plus ou moins bien tirés – glissés
sous les portes ou encore lancés à la volée à
la sortie d’une usine ou sur le marché.
Puis il y eut les
attentats contre les installations allemandes ou contre des militaires.
Ce fut le coup de feu de Fabien, en août 1941. Dans cette ville,
à plusieurs reprises, l’entreprise dite « le Raphia
» fut incendiée. Elle produisait des filets de camouflage.
A l’intérieur des usines, les actes de sabotage sont organisés.
Il y eut aussi les manifestations de rues :
- celle des étudiants le 11 novembre 1940
- celles du 14 juillet 1941 puis celle en août de la même
année sur les boulevards avec des centaines de jeunes filles et
jeunes gens.
Deux d’entre eux -deux jeunes communistes- sont arrêtés
et fusillés. Ils furent désignés sur des affiches
par
Le juif Samuel Tyzelman,
Le nommé Henri Gautereau.
Et il y eut tout un
tissu de réseaux :
Ceux qui recherchaient des renseignements pour les alliés,
Ceux qui aidaient les militants clandestins en les accueillant,
Ceux qui faisaient passer les frontières.
Il y eut ceux qui ont soustrait des juifs des rafles hitlériennes.
Rappelons à ce sujet que plus de 200 000 juifs vivaient alors en
France. 120 .000 purent échapper aux arrestations.
C’est ce thème : « l’aide aux personnes persécutées
et pourchassées en France pendant la Deuxième Guerre mondiale
» qui est retenu pour le concours 2007/2008 de la Résistance
et de la Déportation.
Certes il y eut des traitres, des dénonciateurs, des admirateurs
des nazis. Il y eut ceux qui courbèrent le dos dans l’orage.
Mais dans son ensemble, notre peuple, même ceux qui n’ont
agi qu’en août 1944, était hostile à l’occupant.
Ils étaient français et étrangers
Louis Aragon l’a justement montré dans son poème sur
Manouchian et l’Affiche rouge :
«
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos
Morts pour la France
Et les sombres matins en étaient différents "
Cette bataille multiforme a été victorieuse par le soulèvement
populaire mais elle n’aurait pu l’être sans l’avance
des armées alliées parmi lesquelles les combattants de la
deuxième DB entrés à Paris le 25 août 1944
.
Parmi eux ces jeunes hommes et femmes des armées d’Afrique.
Et il faut y ajouter tous ces jeunes gens qui se sont alors engagés
et ont poursuivi le combat jusqu’à la victoire du 8 mai 1945.
Ils furent 13.000 à être incorporés à la Libération.
Toutes ces pages de notre histoire ne peuvent pas tomber dans l’oubli.
Elles soulignent que dans les moments difficiles des femmes, des hommes
et parmi eux beaucoup de jeunes ont, au mépris de leur propre vie,
agi pour le bonheur de tous.
Il convient également de ne pas baisser la garde et gagner pour
ce combat de nombreux « Messagers et messagères » de
cette mémoire d’une période dure mais belle par tous
les actes de courage qu’elle a révélés et inspirés.
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