La
sénatrice Eliane Assassi (Front de gauche) a demandé mercredi
au gouvernement d'entendre les communistes, qui « ne sont
pas dans l'opposition, mais dans la majorité », et de discuter
avec eux.
Sur France Inter, la présidente du groupe Communiste, républicain
et citoyen (CRC) au Sénat commentait le rejet dans la nuit
de la proposition de loi d'initiative PS sur les tarifs
de l'énergie, par le vote d'une motion d'irrecevabilité
communiste avec les voix UMP et centristes.
« N'inversons pas la chose », s'est insurgée
l'élue de Seine-Saint-Denis, comme on lui disait que les
communistes avaient mêlé leurs votes à ceux de droite et
au centre. « C'est plutôt la droite qui, de façon totalement
opportuniste, s'est saisie de la motion d'irrecevabilité
déposée par mon groupe, pour mettre en difficulté le gouvernement
».
« La droite comme l'extrême droite sont nos pires adversaires
politiques », a ajouté Mme Assassi, « ce sera toujours le
cas ».
« Je demande qu'on nous entende, que les élus communistes,
qui ne sont pas dans l'opposition mais dans la majorité,
soient entendus, qu'on en discute et peut-être qu'on n'arriverait
pas à ce genre de situation », a-t-elle dit. «
Le gouvernement doit nous respecter, nous entendre ».
« Mettons-nous autour d'une table, discutons, nous sommes
des partenaires, nous devons être reconnus comme tels »,
a insisté Mme Assassi.
« Ma boussole, ce n'est pas les états d'âme du Premier ministre
», a-t-elle objecté, comme on lui faisait observer qu'un
second vote droite-PCF est intervenu mercredi en commission
au Sénat sur la loi de programmation budgétaire, alors que
le chef de gouvernement est en difficulté.
« Ce ne peut pas être une posture de ne pas dire
ou ne pas faire parce que M. Ayrault est dans une
situation pas très confortable en ce moment », selon la
sénatrice.
« Il faut que nous soyons reçus et entendus », dit celle
qui attend « une rencontre avec le Premier ministre qui
entende ce que nous avons à proposer » pour qu' « on aille
un peu plus vers des logiques de rupture avec les politiques
d'austérité en œuvre aujourd'hui ».
Mme Assassi a rappelé que l'adoption du traité européen
avait été acquise « par le parti socialiste et par la droite
».
Ecouter
Eliane Assassi sur france inter
Nous
ne partageons pas le présupposé
de cette proposition de loi !
Transition vers un système énergétique sobre.
Intervention de Mireille Schurch / 30 octobre 2012
au sénat
(Le texte ci-dessous est une version résumée de l'intervention
prononcée).
Passer
à une économie durable, à une transition énergétique et
à une politique prônant la sobriété énergétique, tels sont
les objectifs que nous devons viser. Cette transition passera
par la réduction de la consommation, par des investissements
dans la rénovation thermique, par une réforme tarifaire.
Cela dit, nous ne partageons pas le présupposé de cette
proposition de loi : non, les ménages ne gaspillent
pas. Ils sont sensibles aux enjeux environnementaux
mais de nombreuses dépenses énergétiques sont contraintes
: logement mal isolé, matériel basse consommation vendu
trop cher. Tout cela fait que l’énergie représente
parfois jusqu’à 30 % de leur budget.
Autres présupposés que nous contestons : une gestion décentralisée
de l’énergie serait plus performante, l’effacement serait
un marché concurrentiel comme un autre.
Le Gouvernement pourrait rapidement allonger la
trêve hivernale et étendre les tarifs sociaux, pas besoin
de loi pour cela. Les volets social et environnemental
sont si maigres que l’on peut se demander s’ils fondent
l’ambition de ce texte. Le système du bonus-malus
est injuste, éloigné des réalités multiples de
nos concitoyens par ses critères. Punir par l’argent
est injuste, les victimes seront les ménages les plus défavorisés
et les classes moyennes, tous ceux qui seront trop peu fortunés
pour payer des travaux de rénovation. Une cinquième
consultation chez le médecin ne coûte pas plus cher que
la première, le timbre-poste vaut pour toutes les destinations.
Le texte, imprécis, ne présente aucune étude d’impact.
Nous sommes loin d’une revalorisation du travail du Parlement.
Comment régler le problème du logement collectif, de la
responsabilité partagée entre locataire et propriétaire
? Selon Bercy, 30 % des ménages passeraient entre les mailles
du dispositif, faute d’informations suffisantes. Les
associations de consommateurs ont unanimement dénoncé ce
texte. Aussi demandons-nous la suppression de l’article
premier.
Deuxième volet, l’environnement. La logique concurrentielle
du marché de l’effacement ne résoudra pas le problème de
la pointe énergétique. La solution passe par une maîtrise
publique de la consommation. Que dire, enfin, des éoliennes
dont le sort est réglé en catimini par des cavaliers ?
La question de l’énergie méritait un débat approfondi
avec tous les élus de gauche. Les propositions
de réécriture de M. Courteau se sont heurtées à un refus
du Gouvernement. Les communistes empêcheraient le débat
à l’arrivée de l’hiver ? Leurs propositions de loi sur le
sujet n’ont pourtant pas manqué ! Nous réaffirmons la nécessité
de créer un vrai service public de la performance énergétique,
de réformer les tarifs sociaux, d’étendre la trêve hivernale.