Les
premières estimations connues à cette heure des résultats
du premier tour des élections régionales confirment le grave
état d'alerte social et démocratique du pays.
Dans
notre pays, la France, où des millions et des millions de
personnes souffrent durement du chômage, de la précarité,
du pouvoir de la finance sur nos vies et sur notre travail,
où l'angoisse du lendemain ronge la vie de tant de nos concitoyens,
où les attentats du 13 novembre ont ajouté la peur à toute
cette insécurité sociale, la menace est réelle de
voir la droite et l'extrême-droite diriger dimanche prochain
la très grande majorité, et peut-être la totalité,
des 13 nouvelles régions. Ce serait une catastrophe que la
très grande majorité de notre peuple paierait cher.
C'est
une situation d'extrême danger pour notre pays car le Front
national renforce, après les élections européennes, sa place
de premier parti politique. Le racisme déclaré de
son programme libéral-populiste constitue une mise en cause
explicite des valeurs d'égalité, de liberté et de fraternité
de notre République.
Dans
ce contexte, plus de 50% des électrices et des électeurs ont
une nouvelle fois choisi de s'abstenir, marquant leur défiance
massive et désormais structurelle à l'égard du fonctionnement
de plus en plus défaillant de notre démocratie. La
colère contre tous les manquements à la parole donnée, aux
engagements pris aussitôt abandonnés dans les actes, continue
de grandir.
Les
résultats portent évidemment la marque de la situation exceptionnelle
dans laquelle se sont déroulés ces élections. Les
enjeux des élections régionales ont été sciemment marginalisés.
Depuis les attentats du 13 novembre, la peur qu'ils ont suscitée
et l'inquiétude provoquée par l'état d'urgence ont été largement
instrumentalisés et ont compliqué encore le scrutin.
Pourquoi en sommes nous là? Parce que depuis des années les
attaques des pouvoirs de l'argent contre le monde du travail,
les déréglementations de la mondialisations capitaliste, les
politiques ultralibérales européennes ont démantelé les solidarités.
Parce que la pensée unique dominante a matraqué toutes les
tentatives d'ouvrir un nouveau chemin de transformation sociale.
La
responsabilité des gouvernements successifs qui ont maintenu
depuis dix ans, contre l'avis d'une majorité du pays, le cap
de politiques d'austérité de plus en plus dures, appliquées
avec des méthodes de plus en plus autoritaires, est immense.
L'impasse politique, économique, sociale dans laquelle ils
se sont acharnés à enfoncer le pays a nourri un rejet que
plus rien ne peut arrêter.
La
montée du Front national s'est d'autant plus nourrie de ce
rejet que la droite des Républicains et de l'UDI et les dirigeants
socialistes se sont dépensés sans compter pour installer le
Front national et, en faire leur principal «concurrent», un
repoussoir pour sauvegarder leur hégémonie. Ils ont eux même
banalisé ses idées, espérant ainsi étouffer tout espoir de
transformation sociale et favoriser leurs projets de recomposition
politique. Le résultat est le désastre politique auquel
nous assistons. Jamais les
communistes ne s'y résigneront. Et nombreux avec eux
sont les démocrates, les électeurs de toutes les familles
de gauche à ne pas accepter ce scénario mortifère. Leur rassemblement
dans l'action sera plus que jamais nécessaire.
Les
listes sur lesquelles les communistes étaient engagés avec
le Front de gauche et des forces citoyennes et écologistes
ont travaillé à ouvrir un autre chemin, contre l'austérité,
pour la solidarité et le progrès humain partagé. Ce soir,
le score obtenu par les listes est un point d'appui pour les
batailles à venir et pour battre la droite et le Front national
au second tour. Ces scores sont certes encore très insuffisants.
Nos ambitions demeurent pour l'avenir. Mais ce soir, sans
le respect de ces listes et de leurs électeurs, rien n'est
possible à gauche.
Ce
soir, une chose est certaine. Le grand défi de la nouvelle
période politique qui s'ouvre sera celui de la construction
d'un nouveau projet de gauche solidaire et fraternel pour
notre pays et pour notre République. Ce projet doit être un
projet de solidarité, de prospérité partagée et de paix et
non un projet de guerre, de concurrence et d'égoïsmes réciproques.
Dans les semaines et les mois à venir, les communistes prendront
à gauche, avec toutes les forces citoyennes, sociales et politiques
disponibles, toutes les initiatives nécessaires à la construction
politique de ce nouveau pacte d'avenir pour la France, pour
la conduite duquel les dirigeants actuels du pays sont totalement
défaillants.
Pour
le second tour, le PCF veut faire respecter la volonté des
électeurs qui ont accordé leur confiance aux listes citoyennes
et du Front de gauche au premier tour. Pour que ces
électeurs soient représentés par des élus auxquels ils font
confiance, pour que les régions aux compétences élargies et
utiles au quotidien, comptent des élus à gauche déterminés
à poursuivre les combats contre l'austérité et par la promotion
de politiques publiques de solidarité, pour battre la droite
et écarter le danger extrême du Front national, le
PCF appelle à construire des listes de second tour qui rassemblent
les différentes listes de gauche du premier tour.
Dans ces listes, personne ne se rallie à personne. L'addition
de ces listes est la seule manière d'empêcher la victoire
totale de la droite et de l'extrême droite. Dans les assemblées
régionales, les élus communistes agiront librement sur la
base de leurs engagements devant les électeurs au premier
tour pour faire avancer tout ce qui aidera notre peuple à
mieux vivre.
La
France ne pourra en rester là... Notre peuple est en demande
de changement, de rassemblement et de sens pour se sortir
de l'impasse actuelle. Il est urgent de mettre l'humain au
cœur de toutes les questions sociales et non la finance.