GRANDE DISTRIBUTION
Chiffres, faits et arguments


En 40 ans, une vingtaine d'enseignes et une dizaine de centrales d'achat ont conquis une position dominante.
Pendant ce temps, la population française augmentait de plus 30%, 190 000 commerces de proximité (moins 61%) disparaissaient. Pour l'automobile, de 1975 à 1995 le parc doublait, mais 30 000 stations services de proximité fermaient, remplacées par 3 000 stations en grande surface. Elles distribuent désormais 1 litre de carburant sur 2. En 2004 quelques enseignes et leurs équipes de dirigeants règnent, en amont sur 400 000 agriculteurs, 70 000 entreprises et leurs salariés, en aval sur 60 millions de consommateurs.

Pour les Françaises et les Français consommateurs, la Grande distribution les attire. Désormais ont-ils un autre choix ? Individuellement, y gagnent-ils autant qu'ils le pensent ? Y gagnent-ils autant que la publicité jetée régulièrement dans leurs boites aux lettres tente de les persuader ? Collectivement quel coût écologique (effet de serre, écoulement des eaux, environnement, …) de ces usines à vendre à des kilomètres des centres villes ?
De 1998 à 2004 la progression des prix en grande surface a été de plus 13,7% contre 10,4% pour les autres mode de distribution. Avec le passage à l'Euro les prix en grandes surfaces ont progressé de plus 8,9%. En 1949, avec dix à douze intermédiaires, le rapport était de 1 à 4 entre le prix payé aux producteurs et le prix payé par le consommateur. En 2004 avec un seul intermédiaire : une centrale d'achat, le rapport est toujours de 1 à 4. Pour les fruits et légumes, les marchés couverts ou de plein air ne sont ils pas souvent plus avantageux ?

Pour les Françaises et les Français salariés, la Grande distribution se construit une image de créateur d'emploi et annonce 26 500 recrutements en 2005. Ces chiffres comprennent aussi les remplacements des démissionnaires et des partant à la retraite. En 2003 pour 633 300 salariés l'emploi n'a progressé que de 1,3% (8300 créations). Ce n'est pas une performance comparée au commerce de détail et à d'autres secteurs.
Il est difficile de chiffrer les créations ou suppression d'emplois découlant des stratégies des grandes surfaces. Selon Christian Jacquiau un point de vente carburant en Grande surface emploie 5 fois moins de personnel qu'une station service.
Combien d'emplois détruits pour le commerce de proximité, l'industrie, l'agriculture… ?

Pour les Agricultrices et Agriculteurs français, la stratégie de la Grande distribution contribue à ce que 40% aient un revenu inférieur au SMIC et 25%, un sur quatre, un revenu inférieur au RMI.
Pourtant
le consommateur paye 3 fois :
- une fois consommateur à la grande surface (2,5 € pour 1 kg de tomates payé 0,5 € au producteur).
- une fois contribuable pour les sommes versées par l'Etat et l'Europe à l'agriculture.
- une fois au titre de la solidarité avec les aides sociales reversées aux agriculteurs les plus en difficultés.

Pour l'ensemble des Françaises et des Français n'est-ce pas un coût bien supérieur à un prix équitable payé directement aux producteurs ?
Pour les Agricultrices et Agriculteurs français, la stratégie de la grande distribution, c'est aussi la préférence pour quelques centimes aux fruits et légumes cultivés en Turquie, en Afrique du nord… Pour les Français, citoyens de la Terre quel est le coût réel ?
Quel prix écologique en effet de serre et autres pour les milliers de tonnes de carburant consommées pour le transport par route et par air ?
Quels prix pour les accidents de la route et pour la réalisation et l'entretien des voies routières à la charge des collectivités nationales, régionales et locales ?


Pour les 400 000 Agricultrices et Agriculteurs français, la stratégie d'une dizaine de centrales d'achat contribue à la disparition d'un paysan toutes les 20 minutes en France, toutes les 3 minutes en Europe. Européens nous avons si bien " conseillé et encouragé " les pays du sud que bon nombre sont passés de l'indépendance alimentaire, à la dépendance alimentaire.
Dans combien de temps la France et l'Europe seront-elles dépendantes à leur tour ? Et de qui ?

Pour les Industriels français et européens la stratégie de la grande distribution leur impose tout à la fois : gains de productivité, réduction de leur marge, majoration de prix pour pouvoir payer les " marges arrières ".
De 21,9 % des tarifs facturés en 1998, celles-ci sont passées à 33,5%.
Les " marges arrières " c'est désormais 12 milliards d'euros chaque année. De 1998 à 2004 (base 100 en 1998) les prix de vente au consommateur ont augmenté de 13,7% les prix d'achat aux fournisseurs marges arrières incluses de 4%.
Pour les Industriels français et européens la stratégie de la grande distribution peut aussi leur imposer de délocaliser pour survivre.

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