FONDATION HAMON : un article du journal

12/02/2004 L'événement Issy-les-Moulineaux

Le musée fantôme coûtera cher aux contribuables

 

DEUX MILLIONS D'EUROS. C'est la note salée que les contribuables des Hauts-de-Seine et les habitants d'Issy-les-Moulineaux devraient régler pour un projet aujourd'hui... avorté.


Suite à la suspension par la justice des travaux de construction de la Fondation d'art contemporain Hamon sur l'île Saint-Germain, le département et la ville d'Issy doivent en effet dédommager les entreprises qui étaient en charge du chantier.
Cette somme de 2 millions d'euros est la première estimation établie par le syndicat mixte de l'île Saint-Germain (composé de la ville d'Issy-les-Moulineaux et du conseil général).

Selon les statuts du syndicat, cette facture devrait être payée aux deux tiers par le département et pour le tiers restant par Issy. Ce qui ne manque pas de susciter localement une vive polémique. « Dans ce genre de situation, les entreprises ont non seulement droit au paiement des prestations réalisées mais aussi au remboursement des frais engagés et, selon les termes du contrat, au paiement des bénéfices qu'elles auraient dégagés de l'opération, explique un spécialiste du droit public.
Dans ce cas, cela semble être une opération en pure perte pour les collectivités et si elles étaient contrôlées par la Cour des comptes, ce serait probablement un point sur lequel se pencheraient les juge
s chargés de contrôler la gestion des deniers publics. »
« Ils ont tenté de passer en force et c'est désormais aux habitants de payer... pour rien » « S'il y avait eu une vraie concertation autour de ce dossier, on aurait évité tout ce gâchis »
, résume Luc Blanchard, le président de l'association Val-de-Seine Vert, à l'origine du recours qui a conduit à la suspension des travaux.
L'association rappelle par ailleurs qu'elle n'était pas « opposée au projet en tant que tel mais à ses dimensions pharaoniques » au sein du parc de l'île Saint-Germain. « Non seulement les initiateurs de ce projet ont dévisagé le parc en abattant une cinquantaine d'arbres magnifiques pour préparer le terrain, mais ils ont commencé les travaux avant même que le tribunal administratif ne se soit prononcé sur la validité de l'opération, souligne une élue d'Issy-les-Moulineaux. Ils ont tenté de passer en force et c'est désormais aux habitants de payer... pour rien. »

Le conseiller municipal PC d'Issy, Jean-François Boyé, s'est étonné lors du dernier conseil municipal de la ville que cette question ne soit pas abordée lors des discussions sur le budget 2004. « On m'a fait comprendre que la ville rembourserait ces frais grâce à l'emprunt déjà contracté pour le projet. On m'a également affirmé que la répartition de la facture faisait toujours l'objet de négociations avec le conseil général. »

Le syndicat mixte de l'île Saint-Germain a de son côté mandaté la société d'économie mixte du 92 pour déterminer la somme exacte due aux entreprises. Le montant définitif de la facture pourrait être connu en mars.

 
ILE SAINT-GERMAIN . Même stoppée avant l'édification du moindre mur, la Fondation d'art contemporain du collectionneur Jean Hamon (ci-dessus en médaillon) coûtera cher aux contribuables. (LP/ARCHIVES.)

Sylvain Merle et Frédéric Mouchon

Le Parisien , jeudi 12 février 2004

 

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