HOMMAGE d'André SANTINI , Député Maire d'Issy les Moulineaux, ancien ministre

Obsèques de Madeleine Vincent
28 novembre 2005



Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Cher Guy DUCOLONE,

Les Isséens ne voyaient plus depuis quelques temps la silhouette de Madeleine VINCENT dans les rues de leur Ville. La maladie l'obligeait, ces derniers mois, à ne plus sortir.

Nous ne nous résolvions pas cependant à ce que la mort, un jour, la surprenne. Se pouvait-il seulement que Madeleine VINCENT abdique elle qui, tout au long de sa vie, avait affronté tant de fléaux, mené tant de batailles, embrassé tant de combats ?

Je crois pouvoir dire qu'elle lutta jusqu'au bout contre la Providence, l'Inéluctable avec le même courage, la même hargne qu'elle manifesta pendant ses quatre-vingt cinq ans de vie qui furent quatre-vingt cinq de révolte contre l'ordre établi.

Je ne partageais certes pas toutes ses idées ; nous n'avions pas les mêmes visées.

Mais au moment où nous l'accompagnons pour la dernière fois, je veux saluer en mon nom propre et au nom des Isséens, la force de ses convictions, son courage, sa persévérance, sa liberté.

Madeleine Vincent aura été et restera incontestablement une figure marquante de la politique française.

Figure de la Résistance, tout d'abord.
Cet engagement contre le fascisme commence dès l'âge de 16 ans, où sa conscience politique s'éveille face aux bombes franquistes qui détruisent la démocratie en Espagne. Elle rejoint alors les jeunesses communistes et l'Union des jeunes filles de France et collecte des boîtes de lait pour les enfants de Barcelone.

Cette révolte face à l'oppression la conduit naturellement à s'engager dans la Résistance dès juillet 1940, un engagement fondateur, puisque, sous les noms de "Simone" ou de "Josette Lambert", elle sera au sein des Jeunesses Communistes en charge de la Résistance dans le Nord et le Pas-de-Calais.

Une Résistance dont elle paiera durement le prix, puisqu'elle sera arrêtée suite à une honteuse dénonciation en juin 1942, puis déportée à Kreuzburg, où elle poursuivra la lutte au péril de sa vie, en refusant de travailler pour les Allemands.

Elle reviendra des camps en mai 1945, encore plus forte et déterminée à lutter contre le fascisme et les discriminations.

Figure de la place du Colonel Fabien ensuite, ami de Georges MARCHAIS, elle jouera également un rôle essentiel auprès de ses successeurs, Robert Hue et Marie-Georges Buffet.

Figure du féminisme, enfin, puisqu'au sein du PCF, elle présidera longtemps la commission " femmes " et fondera le journal " Femmes Aujourd'hui Demain ". Elle défendra avec force les droits des femmes et militera pour leur participation à la vie publique et politique ; pari réussi, en tout cas pour une part, au sein de son parti, puisque, Chère Marie-Georges Buffet, vous en avez pris la tête.

Fidélité et dévouement auront été les lignes de conduite de cette militante infatigable que j'ai pu croiser dans les rues d'Issy-les-Moulineaux, toujours habillée de manière élégante.

Pour toutes ces raisons, Madeleine Vincent était également une figure de la Ville. Conseillère municipale dans les années cinquante, elle n'avait pas manqué de prendre part à la vie politique locale et de s'investir dans l'activité de son parti au sein des entreprises d'Issy.

Une figure que l'on ne peut dissocier de son époux, Guy Ducoloné, ancien député des Hauts-de-Seine et Vice-Président de l'Assemblée nationale, lui aussi ancien résistant et déporté, dont je tiens à redire toute l'estime que je lui porte.
Mes pensées vont aujourd'hui vers vous, Cher Guy Ducoloné, ainsi que vers votre fils Daniel et l'ensemble de la famille de Madeleine Vincent.
Soyez assuré que la Ville d'Issy-les-Moulineaux gardera longtemps en mémoire le souvenir de cette Isséenne remarquable.

Le souvenir d'une petite femme, mais d'une grande Dame.

 

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