Malgré
un système électoral qui privilégie les partis nationalistes
régionaux face aux petites formations nationales, les écolos-communistes
d’Izquierda Unida occuperont onze sièges contre deux auparavant,
au Congrès, la puissante chambre basse du Parlement où elle
va constituer un groupe parlementaire.
"Nous
n'allons pas devenir une institution. Nous allons continuer
dans la rue", assurait dimanche Cayo Lara, candidat
d’IU à la présidence du gouvernement. Avec 700 000
voix en plus par rapport aux législatives de 2008,
Izquierda Unida qui comptait deux députés
jusqu'à présent, a ainsi réussi à se frayer un chemin et
occupera onze sièges au Congrès. "Vous
ne pouvez pas imaginer comme cela fait plaisir que la joie
entre, de temps en temps, dans la maison des pauvres",
a ajouté Coyo Lara. Une percée qui fait écho au mouvement
des Indignados, né il y a six mois en Espagne et sonne comme
un avertissement aux grands partis dont la crédibilité s'effrite
sous l'effet de la crise.
Et ce en dépit d'un système électoral complexe, résultant
de la forte décentralisation de l'Etat espagnol, qui privilégie
les partis nationalistes régionaux face aux petites formations
nationales. En nombre de voix, Izquierda Unida est
la troisième formation espagnole, derrière les socialistes.
Sous l'effet des nouvelles mesures d'austérité qui se profilent,
la mobilisation sociale pourrait gagner en ampleur, alors
que le chômage reste à un niveau record (21,52%). "L'axe
central du discours de campagne d'IU passait par une opposition
frontale aux politiques du gouvernement et aux coupes budgétaires
à venir", souligne le politologue Anton Losada. "La
période qui s'ouvre va voir les syndicats et les partis
politiques de gauche jouer un rôle très actif", ajoute-t-il.
"Après le 20 novembre, la lutte se poursuit
dans la rue", annonçait, comme en écho, une
grande affiche placardée dimanche soir sur la Puerta del
Sol, la place au centre de Madrid qui a vu naître les "indignés"
au printemps. "Nous pouvons nous attendre à un grand
mouvement social", assure Manolo Nolla, 64 ans, l'une
des têtes les plus visibles de la commission économique
des "indignés" madrilènes.