Mémoire isséenne et communiste


 

 

Le parti communiste a été fondé en 1920. Depuis sa création, une vie militante communiste a vu le jour à Issy-les-Moulineaux et perdure encore aujourd'hui.
Depuis plus d'un siècle maintenant, des hommes et des femmes militent pour la justice sociale et la paix.
Leurs histoires sont intimement liées à la ville et parfois même à l'histoire de la France. Militants, élus municipaux, résistants, héros ou martyrs de la Seconde guerre mondiale, cette rubrique retrace le parcours de communistes isséens afin de préserver cette mémoire collective.

 

MARRUEDO FRAILE Santiago

 

Né le 25 juillet 1901 à Barcaldo Bilbao (Espagne), dit fusillé le 27 juin 1944 à Vaugeton, commune de Celles-l’Evescault (Vienne), en fait non fusillé ; mécanicien, régleur sur machines, cuisinier, forain ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; maquisard FTPF.

Fils de Mariano et de Martina (dite Martine), née Fraile, Santiago Marruedo Fraile vint en France avec ses parents en juillet 1913. La famille vivait 90 avenue de Verdun à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine). Il alla à l’école primaire, parlait le français et l’espagnol couramment. Il adhéra au Parti communiste français, mais en fut exclu pour un motif inconnu.
Il s’engagea dans les Brigades de l’armée républicaine espagnole en 1937, exerça la profession de mécanicien dans différents garages des Brigades à Barcelone, Madrid et Albacete. Il passa la frontière à Cerbère (Pyrénées-Orientales) le 20 janvier 1939, vécut chez sa sœur au 164 rue de l’Égalité, puis 82 avenue de Verdun à Issy-les-Moulineaux.
Requis civil après la déclaration de guerre de 1939, il fut envoyé à Auxerre (Yonne) où il travailla comme régleur sur machines aux usines Hotchkiss qui fabriquait des mitrailleuses, fusils mitrailleurs et chars légers. En juin 1940, lors de l’exode, il suivit l’établissement qui se replia à Tarbes (Hautes-Pyrénées), il y resta quatre mois, puis revint à Auxerre où il travailla pour les autorités allemandes au camp d’aviation de la ville jusqu’en mai 1941.

En juin 1941, Santiago Marruedo Fraile s’installa au 64 rue de Trignac à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), travailla en qualité de cuisinier au camp Franco situé à Gron commune de Montoir-de-Bretagne (Loire-Inférieure)) pour le compte des autorités allemandes. Il fut recruté par Juan Martin, militant du Parti communiste d’Espagne clandestin et centralisa les cotisations d’autres adhérents présents au camp. Il fut arrêté le 27 juin 1942 par la police nationale de Nantes, son nom figurait sur le registre de l’organisation sous le numéro 13.

Il fut transféré le 11 juillet 1942 à Paris, mis à la disposition des policiers des Renseignements généraux chargés de l’affaire. Envoyé au Dépôt pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, il fut emprisonné à la prison de la Santé, puis celle de Fresnes. Il comparut le 11 décembre 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris. Il fut condamné le 12 décembre à deux ans de prison et mille deux cents francs d’amende. Après l’énoncé du verdict les cinquante trois militants crièrent « Vive la France ! », « Vive l’Espagne Républicaine ! », puis ils chantèrent le refrain de La Marseillaise et l’hymne républicain espagnol.
Il fut interné le 1er février 1944 au camp de Rouillé (Vienne). Les résistants libérèrent quarante-six internés dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, Santiago Marruedo-Fraile rejoignit le maquis de Saint-Sauvant (Vienne), prit part à plusieurs actions contre les militaires allemands. Le matin du 27 juin, une colonne motorisée de plus de mille cinq cents hommes de la SS, de la Wehrmacht et de la Milice encerclait la forêt. Le hameau de la Branlerie, quartier général du maquis fut incendié. Cinq maquisards étaient tués les armes à la main. En fin d’après-midi, vingt-sept hommes frappés à coups de crosses étaient exécutés sur le bord d’une route au lieu-dit Vaugeton, commune de Celle-Lévescault.

Parmi-eux se trouvaient huit Espagnols qui s’étaient évadés de Rouillé : Luis Gomez Castaño, Juan Hernandez Rodriguez, Antonio Serra Clariani, Honorio Perez Gonzalès, Ricardo Rojas Gil, Raphaël Massa Andreu, Angel Sanchez Garcia et Vicente Rossel Barrachina.
Une stèle fut dressée sur la route départementale 7, près du lieu-dit Vaugeton (Vienne) : « À la Mémoire des Glorieux Soldats sans Uniformes Tombés à cet Endroit le 27 Juin 1944 pour la Paix et la Liberté. Massacrés par les nazis. Ils sont Morts pour la France et la Liberté ».

Le nom de Santiago Marruedo-Fraile avait été gravé sur la stèle, or il ne fut pas tué. Les recherches de Carlos Fernandez et Tiphaine Catalan ont permis d’établir qu’il combattit ensuite dans un maquis de la Vienne et que, naturalisé français en 1948, il vivait à Nantes entre 1955 et 1976. Santiago Marruedo-Fraile a été homologué Interné résistant et FFI. Santiago serait revenu en région parisienne après la libération, et à Vaugeton parmi les fusillés se serait trouvé Francisco Marruedo. Les recherches se poursuivent.

 

 

SOURCES : Arch. RGASPI 545.6.1303, BDIC mfm 880/25, RGASPI 545.6.1039 inventaire des volontaires au 14 mai 1938. – Arch. PPo. BA 2056, 77W 454-17086. – Bureau Résistance GR 16 P 396195. – BAVCC Caen AC 21 P 591 974 (notes de Tiphaine Catalan). – Site Internet Vienne Résistance Internement Déportation (V.R.I.D.). – Carlos Fernandez, De la Guerre d’Espagne...à la résistance, Nantes, Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, 2010 .— Site Internet GenWeb — Notes Annie Pennetier, Michel Thébault.

 

 

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