Mémoire isséenne et communiste


 

 

Le parti communiste a été fondé en 1920. Depuis sa création, une vie militante communiste a vu le jour à Issy-les-Moulineaux et perdure encore aujourd'hui.
Depuis plus d'un siècle maintenant, des hommes et des femmes militent pour la justice sociale et la paix.
Leurs histoires sont intimement liées à la ville et parfois même à l'histoire de la France. Militants, élus municipaux, résistants, héros ou martyrs de la Seconde guerre mondiale, cette rubrique retrace le parcours de communistes isséens afin de préserver cette mémoire collective.


ARMANET Maurice, Henri

Né le 10 septembre 1912 à Saint-Priest (Isère), mort le 20 septembre 1971 à Four (Isère) ; ajusteur ; responsable communiste d’Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) et de Renault, membre du comité central du PCF (1950-1954).

Les parents de Maurice Armanet étaient employés au chemin de fer PLM. Le père, poseur de rail sur l’acte de naissance, adhérait à la CGTU et sympathisait avec le Parti communiste. La mère était garde-barrière. Après l’école primaire, Maurice Armanet poursuivit pendant trois ans ses études à l’école pratique d’industrie de Pont-de-Beauvoisin (Isère). En juillet 1928, il réussit l’examen de sortie et eut un CAP, plus un certificat d’industrie, et disait avoir le niveau scolaire du brevet élémentaire.

Il travailla alors dans l’appareillage électrique à La Tour-du-Pin, à Bourgoin, Lyon et Villeurbanne. À dix-huit ans, il partit deux années en Afrique du Nord, fit quatre mois de prison à Tunis puis travailla deux ans en Algérie.
C’est après son service militaire qu’il vint se faire embaucher chez Renault à Billancourt (le 13 août 1935 selon les archives Renault) puis à Arcueil (Seine, Val-de-Marne) et enfin chez Nieuport à Issy-les-Moulineaux où il vivait. Maurice Armanet se maria d’ailleurs dans cette ville le 10 avril 1937 avec Marie Ensergueix, ouvrière, fille d’un maçon tué dans un accident du travail. Elle sera communiste après la Libération mais sans accompagner son mari dans son militantisme intense.

Secrétaire de la section du SRI d’Issy-les-Moulineaux depuis 1933, il adhéra au Parti communiste en mars 1936 (il indiqua aussi la date de 1935) et milita à la cellule Nieuport (cellule Passionnaria) et à la section d’Issy-les-Moulineaux dont le secrétaire Jean Granger (« il m’a formé » dit-il). Il fut trésorier de la cellule et responsable de la « littérature ». Devenu membre du comité de section, il eut la responsabilité de l’aide à l’Espagne. Il suivit plusieurs écoles de section ainsi qu’une école régionale à Ivry. Il fustigeait alors le trotskisme « dangereux pour la classe ouvrière, surtout dans la région parisienne où les ouvriers supportent mal parfois le frein qu’il est nécessaire de mettre à leur désir d’action violente » (RGASPI, autobiographie de juillet 1932). Il fut, en février 1938, l’objet d’une enquête pour une histoire dérisoire de disparition de macarons du service d’ordre de la cellule Nieuport (décembre 1937) et fut suspendu par la commission de contrôle politique avec avertissement sévère, « malgré les excellents renseignements fournis sur son compte » (RGASPI).

Cet épisode n’affaiblit pas son militantisme. Membre du bureau du syndicat de Nieuport, il fut licencié à la suite de la grève du 30 novembre 1938 et vécut trois mois de chômage. Maurice Armanet déclara en 1946 avoir « approuvé le traité germano-soviétique parce qu’il déjouait les plans impérialistes anglo-saxon et français. » Avant sa mobilisation, il eut huit jours pour défendre le pacte auprès des militants d’Issy. Plusieurs perquisitions eurent lieu chez sa compagne. Prisonnier de guerre près de Langres le 16 juin 1940 (stalag IIIC Kusten), avec d’autres militants communistes comme Voltaire Quinet (futur secrétaire de la section communiste de Renault), Georges Gauthier de Marseille, Delorme de l’Ain et Meyer de Saint-Étienne, il s’employa à combattre la propagande pétainiste qui était très active. En janvier 1945, il fut évacué sur le stalag 8B près de Munich.

Libéré par les Américains en avril 1945, il revint à Issy-les-Moulineaux et fut désigné au bureau de la section communiste locale puis au comité du parti de l’entreprise Salmson. Il quitta cette entreprise fin 1947 pour entrer à la société Gomblin (janvier à août 1948) avant d’être réintégré chez Renault comme ajusteur outilleur P2 en septembre 1948. Mais c’est comme permanent qu’il assura le secrétariat de la section Renault du PCF de 1949 à 1954, après avoir quitté l’entreprise comme salarié en juin 1949.

Maurice Armanet fit partie de ces responsables ouvriers qui connurent une brusque promotion à l’occasion du XIIe congrès du Parti communiste tenu à Gennevilliers en avril 1950. Son intervention reproduite par l’Humanité du 7 avril 1950 porta sur la dénonciation du titisme et la nécessité de la vigilance : le secrétaire de la section communiste de chez Renault « souligne tout d’abord la lourde responsabilité qui incombe aux communistes de Paris et de la Seine où se nouent les fils de la réaction et de la provocation. C’est à Paris, en particulier, qu’est le siège de l’ambassade titiste. » Il entra en effet au comité central comme suppléant mais ne fut pas réélu au congrès d’Ivry en 1954. Le Parti lui fit faire une école centrale de quatre mois de novembre 1950 à mars 1951. L’évaluateur nota « son excellent esprit de parti » mais le trouva taciturne et porté à « juger avec un peu de pessimisme ».

Le 7 décembre 1953, le secrétariat décida, après la décentralisation de la Fédération de la Seine, de le renvoyer à la production. Maurice Armanet évoquera plus tard les erreurs et les insuffisances dans le travail qui lui furent reprochées. Il partit alors chercher du travail à Villeurbanne (Rhône), ne réussit pas à entrer chez Berliet et après une période difficile fut ouvrier à la SERS (Société des électrodes et réfractaires de Savoie). Il s’y comporta en militant syndical exigeant (mais sans accepter d’être candidat aux élections professionnelles), et en sympathisant communiste au point que lorsqu’une cellule se constitua, les membres furent étonnés qu’il ne les rejoigne pas. En fait, il n’avait pas repris contact avec le Parti et n’avait plus sa carte. Le secrétariat national l’autorisa à réadhérer en janvier 1964. Il habitait alors à Four au Rival (Isère). Il ne semble pas avoir joué de rôle, car la Fédération de l’Isère ignorait son nom en 1970, un an avant sa mort.

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https://maitron.fr/spip.php?article10220, notice ARMANET Maurice, Henri par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2017.

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