Le
parti communiste a été fondé en 1920. Depuis
sa création, une vie militante communiste a vu le jour à
Issy-les-Moulineaux et perdure encore aujourd'hui.
Depuis plus d'un siècle maintenant, des hommes et des femmes
militent pour la justice sociale et la paix.
Leurs histoires sont intimement liées à la ville et
parfois même à l'histoire de la France. Militants,
élus municipaux, résistants, héros ou martyrs
de la Seconde guerre mondiale, cette rubrique retrace le parcours
de communistes isséens afin de préserver cette mémoire
collective.
DRARIS
Abdelkader ou Ahmed
Né en 1921 à
Djebala (Algérie) ; une des sept victimes de la manifestation
parisienne du 14 juillet 1953 place de la Nation à Paris.
Abdelkader Draris (Ahmed en Algérie, Abdelkader sur ses papiers),
ouvrier métallurgiste chez Chausson
était domicilié 29 avenue du Bas Meudon à Issy-les-Moulineaux.
Il participa avec le Mouvement pour le triomphe des libertés
démocratiques (MTLD) à la manifestation du 14 juillet
1953 organisée par la gauche syndicale et communiste.
Entre 6000 et 8000 Algériens défilaient en fin de
cortège place de la Nation quand des affrontements eurent
lieu avec la police. Celle-ci tira sans sommation
faisant six morts algériens (Abdallah Bacha , Larbi
Daoui, Tahar Madjène, Amar Tadjadit, Abdelkader
Draris, Mouhoub Illoul) et un français de la CGT,
Maurice Lurot.
Selon le témoignage de Mohamed Zalegh du service d’ordre
de la manifestation, recueilli par Daniel Kupferstein : "Abdelkader
Draris s’est bagarré avec un CRS. Il était costaud,
il a fait tomber le policier, mais le policier a sorti son pistolet
et lui a tiré dessus, dans la tête."
Il fut atteint d’une balle dans la région temporale
gauche qui ressortit par la tempe droite. Il mourut à 18
heures à l’hôpital Saint-Louis. Il y avait été
emmené ainsi que le syndicaliste CGT Maurice Lurot qui avait
tenté de s’interposer entre la police et les manifestants
algériens.
Son cercueil fut exposé le 21 juillet à la Mosquée
de Paris.
Son corps fut transféré à Adjaïdja, commune
de Djebala, à proximité de la frontière du
Maroc. Malgré les obstacles mis par les autorités
militaires, et la demande de l’enterrer dans la discrétion
le soir même, c’est le lendemain que les nombreux participants
entendirent la prière et les discours de Mohammed Manchaoui
(MTLD), Bachir Merab (CGT) et de Tayeb Malki du Parti communiste
algérien (PCA). L’armée arriva deux heures plus
tard.
L’Humanité du 16 juillet 1953 avait évoqué
sa veuve Rhama, 17 ans, enceinte, qui avait appris la mort par le
facteur lui apportant le journal : "Elle a perdu son enfant
de huit mois au printemps dernier, mort d’une pneumonie double.
Ils habitaient dans un hangar à Issy-les-Moulineaux,
où elle mettra au monde un enfant qui ne connaîtra
pas son père. Métallo au chômage depuis un mois,
Abdelkader Draris devait reprendre le travail juste après
le 14 juillet.". Sous le choc, elle fit une fausse couche.
Elle raconta à Daniel Kupferstein les mois pénibles
qui suivirent : "Après la mort de mon mari, il y a eu
beaucoup de bagarres entre ses cinq frères : chacun voulait
se marier avec moi. [...] Moi je pleurais tout le temps. Les frères
de mon mari m’ont enfermé dans ma chambre. Moi, je
ne connaissais pas le français, j’étais jeune
[...] Eux étaient vieux [...] Après le MTLD a dit
que je devais me marier avec un homme qui n’avait pas déjà
une femme. Il faut se marier avec un célibataire . Alors
je me suis mariée avec mon cousin."
La mairie de Paris fit apposer une plaque commémorative le
6 juillet 2017, 12 avenue du Trône jouxtant la place de la
Nation.
https://maitron.fr/spip.php?article193826,
notice DRARIS Abdelkader ou Ahmed par Claude Pennetier, version
mise en ligne le 16 juillet 2017, dernière modification le
4 juillet 2019.