Le
parti communiste a été fondé en 1920. Depuis
sa création, une vie militante communiste a vu le jour à
Issy-les-Moulineaux et perdure encore aujourd'hui.
Depuis plus d'un siècle maintenant, des hommes et des femmes
militent pour la justice sociale et la paix.
Leurs histoires sont intimement liées à la ville et
parfois même à l'histoire de la France. Militants,
élus municipaux, résistants, héros ou martyrs
de la Seconde guerre mondiale, cette rubrique retrace le parcours
de communistes isséens afin de préserver cette mémoire
collective.
Mireille
GUEZENEC née VINCENTS
Née le 19 mars 1937 à Issy les
Moulineaux (92) ; professeure de dessin d’art en lycée
professionnel ; militante syndicale au SNETP-CGT ; militante communiste,
adjoint au maire d’Itteville (Essonne).
Le père
de Mireille Vincents, Léon, Raymond, Georges, né en
1908 dans l’Aude, fut successivement ouvrier agricole, pompier
de Paris, agent d’assurance, dessinateur industriel. Militant
communiste et syndicaliste à la CGT, il eut une grande influence
sur sa fille. Sa mère Louise Valérie, née dans
le Val d’Oise, fut successivement vendeuse, aide infirmière
dans un dispensaire, femme de ménage, périodes de
travail entrecoupées de phases de travail à domicile
pour élever ses enfants.
Deuxième d’une fratrie de 4 enfants, Mireille Vincents
fréquenta l’école primaire
Paul Bert à Issy-les-Moulineaux (Seine) en octobre
1944. Elle intégra alors la classe préparatoire qu’elle
quitta pour le cours élémentaire avant la fin de l’année,
sa mère lui ayant appris à lire. Il n’y avait
pas en 1943 la possibilité d’intégrer les petites
classes dans la commune. Elle se souvenait de ces années
en primaire comme des années qui lui avaient permis de découvrir
des films soviétiques dont les héros l’enthousiasmaient.
Elle fréquenta donc assidument le patronage laïque :
« On jouait à la Résistance dans la cours de
récréation ».
Après le CM2 en 1948, elle rejoignit le cours
complémentaire de la Place Voltaire à Issy-les-Moulineaux.
Après son BEPC en 1952, elle intégra le collège
technique des Arts Appliqués Élisa Lemonnier dans
le IXe arrondissement de Paris pour formation de cinq ou six ans.
Aux Arts Appliqués, pour financer les fournitures scolaires,
elle fit de nombreux petits boulots (retouches de cartes postales,
de catalogues de mode…). Pendant les vacances scolaires elle
encadra des colonies de vacances du comité d’entreprise
de Renault, puis des commune d’Aubervilliers, de Malakoff,
d’Ivry. Pendant ces deux mois, « on se croyait en “Démocratie
populaire“, on chantait les chants populaires, révolutionnaires
».
Elle rencontra son futur époux Jean-Yves Guezenec en 1957,
étudiant à Sup’Elec . Ils se marièrent
en mai 1959 et eurent trois filles.
Après avoir obtenu son diplôme de l’école
supérieure des Arts Appliqués, Mireille Guézenec
réussit le concours d’entrée à l’École
normale nationale d’apprentissage de la rue de la Tour en
septembre 1957. Elle se syndiqua à la CGT très rapidement
après son intégration à l’ENNA, en opposition
à une suggestion faite par un de ses professeurs qui encouragea
ses étudiants à rejoindre la Fédération
de l’Éducation nationale. Pour elle, « les centres
d’apprentissages issus de la Résistance, pour la formation
des futurs ouvriers qualifiés, recrutaient des enseignants,
anciens ouvriers, et donc ils ne pouvaient qu’être adhérents
à une confédération et pour elle il n’y
avait pas d’autre choix que la CGT ».
A la sortie de l’ENNA, elle fut affectée en septembre
1959 dans le Nord sur deux mi-temps à Lille et Roubaix. Période
difficile, elle payait ses cotisations syndicales mais ne militait
pas. Chaque samedi elle rejoignait sa fille Marianne née
en novembre 1959 et son mari à Paris.
Après un accident de la circulation survenu en février
1962, elle fut mise en arrêt jusqu’en juin. Elle obtint
en septembre 1962 sa mutation sur deux mi-temps en Seine-et-Oise
à Sartrouville et Conflans Saint-Honorine, puis en 1963 elle
obtint un poste à temps plein sur Sartrouville où
elle enseigna jusqu’en 1968.
En septembre 1968,elle fut affectée à Corbeil Essonne
(Seine-et-Oise/Essonne), elle se mis en disponibilité pendant
deux ans. Au cours de cette période elle dispensa gracieusement
des cours de dessin aux enfants de sa cité. En 1971 elle
fut affectée près de chez elle à Sainte-Geneviève-des-Bois.
Avec 21 heures de cours, une heure par classe, 21 classes différentes
de 32 élèves, sa mission fut difficile comme pour
tous les enseignants de cette discipline.
Pendant toutes ces périodes de Sartrouville à Sainte-Geneviève-des-Bois,
Mireille Guézenec milita sur le plan local prenant souvent
la responsabilité du syndicat, elle fut élue à
la commission exécutive du Syndicat national de l’enseignement
technique professionnel-CGT de l’Essonne.
A la rentrée 1975, élue secrétaire académique
de l’Académie de Versailles du SNETP, elle assura cette
responsabilité jusqu’en 1982 date à laquelle
elle rejoignit la Confédération comme collaboratrice
chargée plus particulièrement des questions de l’enseignement
et de la formation professionnelle de l’Union régionale
Ile-de-France (URIF-CGT) de 1982 à 1984 à la Grange
aux Belles puis à Montreuil à partir de 1984. A ce
titre à partir de 1983 elle participa au groupe CGT du Comité
économique et social régional (CESR).
Elle fut membre de la Commission exécutive nationale du SNETP
lors du congrès de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)
en 1980, responsabilité qu’elle conserva jusqu’à
sa retraite.
Mais le travail sur les questions de la défense des personnels
des lycées professionnels, de l’école, de la
formation initiale et continue des salariés, ne fut pas ses
seules responsabilités syndicales. Elle fut membre de la
commission exécutive de l’Union départementale
CGT de l’Essonne de 1975 à 1982 et collabora à
l’Union locale d’Orsay. Elle participa à de nombreux
stages de formation comme formatrice dans les unions départementales,
à l’Institut des sciences sociales et du travail de
Strasbourg. Elle participa à des conférences, colloques,
délégations à l’étranger (conférence
mondiale de la Paix à Copenhague, délégations
à Prague, Belgrade, Berlin). Sa formation artistique la conduisit
naturellement à participer à la commission culture
de la CGT, à être la représentante du SNETP
à la 12e commission professionnelle consultative (Arts Appliqués),
au Conseil supérieur de l’éducation nationale
et au Conseil national des programmes. Lors de ces réunions,
elle caricatura les intervenants dans les congrès ou conçut
des affiches pour le mouvement.
A partir de sa retraite en 1998, Mireille participa à la
section nationale des retraités du SNETP et la section nationale
des retraités de la FERC.
Sur le plan politique Mireille Guzézenec
adhéra pour la première fois au Parti communiste français
en 1952 à Issy-les-Moulineaux. Elle cessa de militer
choquée par l’aspect conventionnel prôné
par le PCF dans le domaine artistique. Elle réadhéra
au PCF en 1968. Entre 1978 et 2010, elle fut conseillère
municipale à Itteville dans l’Essonne. Simple conseillère
jusqu’en 1983 dans une équipe dont le maire était
communiste, puis après un mandat avec un maire de droite,
elle fut élue adjointe aux affaires scolaires à partir
de 1990 jusqu’en 2010 avec un maire socialiste.
Elle fut candidate quatre fois au Conseil général
de l’Essonne dans le canton de La Ferté-Alais : en
1982 (14,2 %), en 1988 (11,3 %), en 1992 à la suite du décès
du sortant le docteur Conte, maire de La Ferté-Alais (8,65
%) et en 1994 (8,6 %). Elle fut suppléante de Gérard
Lefranc à l’élection législative de 1997
dans la circonscription d’Etampes et grand électeur
pour les élections sénatoriales de 2004.
Mireille Guézenec soulignait : « Mes parents ont eu
une grande influence sur moi, ma sœur ainée militante
à l’UJRF m’a aussi influencée ainsi que
mon beau-frère militant communiste, d’origine hongroise
». Elle se souvenait avoir été désignée
pour remettre des fleurs à Marie-Claude Vaillant Couturier*,
« une icône symbolique » pour elle, qui participait
à une réunion où elle était la plus
jeune communiste. Mais cet engagement n’était pas sans
contradictions, sans interrogations pour elle : « Concernant
la découverte des crimes du stalinisme, j’ai mis du
temps à les admettre puis j’ai attribué à
l’individu les dérives d’un homme gâté
par le pouvoir absolu et la peur des éventuelles vengeances
de ses victimes.
Fin 1991, j’ai cru à la Perestroïka et que Gorbatchev
allait sauver l’URSS. Les événements en Hongrie
m’ont été commentés par mon beau-frère,
dont une partie de la famille résidait en Hongrie et qui
prétendait qu’il y avait une répression féroce
exercée contre les communistes. Vrai ou faux ? L’actuelle
dérive du gouvernement hongrois m’incite à penser
que ce n’était peut-être pas si faux que ce qui
s’est dit. J’ai désapprouvé l’entrée
des chars en Tchécoslovaquie et j’ai écrit pour
le journal de cellule un article condamnant avec virulence la répression
sur la Place Tien An Men.
En fait j’ai toujours été naïve mais persuadée
qu’il y aurait un jour une société plus juste
et plus humaine ; tel a été le fil conducteur de mon
engagement. Je n’ai rien fait de remarquable, j’ai été
juste un “bon soldat“ comme me le disait un vieux camarade
de ma section ».
:
https://maitron.fr/spip.php?article178081,
notice GUEZENEC Mireille [née VINCENTS Mireille] par Gérard
MONTANT, version mise en ligne le 21 janvier 2016, dernière
modification le 21 janvier 2016.
Par Gérard MONTANT