Un
million d'enfants vivaient en 1999-2000 sous le seuil de pauvreté
Cet article
est paru sur Maire-info
Date de l'article
: 17/02/2004
Un million
d'enfants de moins de 18 ans vivaient en 1999-2000 sous le "seuil
de pauvreté Insee" (1) en France, soit près de
8% de l'ensemble des enfants, selon une étude du Conseil
emploi revenus et cohésion sociale (Cerc), dont les auteurs
prônent le lancement d'un "programme national"
de lutte contre la pauvreté des enfants.
Le Cerc, qui
est présidé par Jacques Delors et compte notamment
parmi ses membres Xavier Emmanuelli, président du Samu
social international, note dans l'introduction du rapport que
"jusqu'à présent en France la pauvreté
des enfants n'a pas fait l'objet d'un examen attentif".
Il met ainsi
l'accent sur le fait que "l'objectif de réduction
de la pauvreté des enfants n'est guère présent
à l'agenda politique". "La
pauvreté des enfants résulte d'abord des difficultés
d'emploi de leurs parents", selon cette étude
qui situe la France dans la moyenne européenne mais bien
en dessous des pays scandinaves. "La pauvreté
touche particulièrement les personnes issues de l'immigration
et surtout celle récemment venues", poursuit le Cerc. Il souligne que "la politique familiale joue
un rôle important pour soutenir le revenu des familles"
mais la juge "insuffisante pour réduire significativement
le taux de pauvreté des enfants". Le
rapport envisage en outre les conséquences de la pauvreté
des enfants : "Vivre dans une famille pauvre conduit souvent
à habiter un logement surpeuplé et développe
des risques en matière de santé - dont l'obésité".
"Le retard scolaire à l'entrée en sixième
est très nettement concentré sur les enfants à
bas niveau de vie" alors que "le risque de reproduction
de la pauvreté provient surtout de l'échec scolaire
qui touche particulièrement les enfants des familles à
bas revenus".
Le rapport du
Cerc préconise ainsi "un programme national de
lutte contre la pauvreté des enfants", affirmant
que "l'accent principal doit être mis sur l'amélioration
de l'emploi" car "le chômage et le sous-emploi
sont la cause première de la pauvreté en général
et plus particulièrement de la pauvreté des enfants".
Pour cela, les
parents doivent pouvoir concilier emploi et garde des enfants.
Selon le rapport,
"les dispositifs de congé parental sont insuffisants.
En matière de garde d'enfants, il ne s'agit
pas seulement de rendre solvable le recours à des gardes
mais de fournir une offre accessible à l'ensemble des
familles". "Dans la situation présente (et probablement
encore après la création de la prestation accueil
du jeune enfant, Paje), les familles pauvres n'ont pas la possibilité
de recourir à des modes de garde payants", insiste
le Cerc. Il suggère en outre "une
allocation familiale (sans ou sous conditions de ressources)
dès le premier enfant, qui permettrait de réduire
le risque de pauvreté et de ne pas pénaliser le
retour à l'emploi des allocataires de minima sociaux".
"Il faut aller vers un relèvement substantiel des
prestations liées aux enfants quitte à introduire
une redistributivité accrue du système de transfert
(prestations et réductions fiscales)". "Une
stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants
devrait s'efforcer de combattre directement les conséquences
négatives sur le développement des enfants",
conclut le rapport.
(1) Le seuil de pauvreté
Insee correspond à la moitié du niveau de vie médian,
soit environ 650 euros par mois en 2003. |