Article paru dans
"le Parisien , édition hauts de seine" du
23/12/2004
DANS LA LIGNE
DE MIRE d'André Santini, le service des ressources humaines de la ville
d'Issy-les-Moulineaux compte ses jours au sein de la fonction
publique.
Dysfonctionnements à répétition
et impossibilité de trouver un directeur, il devrait bientôt
être confié à une société extérieure.
C'est le choix d'un maire excédé
qui a encore récemment tapé un grand coup sur la
table après que la directrice de l'Urssaf l'a appelé
pour un retard de cotisation, la goutte de trop pour lui...
« Cela illustre la relative incompétence de certains
responsables, a-t-il lancé en conseil municipal. Il
est inadmissible que l'on paie des majorations parce qu'on n'a
pas payé en temps utile alors qu'il y avait l'argent.
» « Nous sommes dans une démarche
de progrès, explique Philippe Knusmann, adjoint en
charge du personnel. Un audit nous a révélé
que nos agents passaient 60 % de leur temps à des tâches
de gestion basique, sans valeur ajoutée pour le service
public, continue-t-il, et nous voulons raisonner en termes
d'efficacité de la dépense publique. Beaucoup d'entreprises
le font aujourd'hui pour mieux fonctionner, alors pourquoi pas
une ville qui peut être considérée comme
une entreprise de services publics ? »
« Ce
serait une première en France et le risque est grand que
d'autres emboîtent le pas »
Un discours qui
fait bondir les élus de l'opposition et les syndicats
CGT et Unsa de la mairie, qui doutent notamment de l'attachement
au service public d'une entreprise privée. «
Il s'agit d'une conception très libérale de la
gestion d'une collectivité publique", relève
Lysiane Alezard, conseillère municipale communiste. "Ce
serait une première en France et le risque est grand que
d'autres emboîtent le pas, d'autant que le maire n'a pas
l'intention d'en rester là. » L'Unsa
et la CGT ont sur la question une position commune d'opposition.
« C'est inadmissible. Il est question de valeur ajoutée,
mais doit-on vraiment raisonner en termes de rentabilité",
se demandent les syndicats. "On externalise directement
alors qu'il était possible de restructurer le service.
C'est choisir la solution de facilité. » Les deux organisations devraient diffuser un tract
prochainement. De son côté, la CFDT,
majoritaire dans la ville, adopte une position plus attentiste.
« Nous n'avons pas d'opposition de principe",
explique Marc De Herdt, secrétaire de l'union locale.
"Nous attendons de savoir quelles fonctions vont être
déléguées et si cela peut être plus
efficace. Seulement, prévient-il, il va falloir s'assurer
de disposer de tous les moyens de contrôle à notre
disposition. Le projet est à l'étude et
on ne sait pas encore aujourd'hui quelles tâches seront
externalisées". « Avec
l'aide d'une société spécialisée,
nous déterminons le périmètre à déléguer,
qui devrait être connu au premier trimestre »,
indique Philippe Knusmann, qui tient à préciser
qu'« il ne s'agit pas d'une sanction ».
Sylvain Merle
Le Parisien , jeudi 23 décembre 2004
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