Mémoire isséenne et communiste


 

 

Le parti communiste a été fondé en 1920. Depuis sa création, une vie militante communiste a vu le jour à Issy-les-Moulineaux et perdure encore aujourd'hui.
Depuis plus d'un siècle maintenant, des hommes et des femmes militent pour la justice sociale et la paix.
Leurs histoires sont intimement liées à la ville et parfois même à l'histoire de la France. Militants, élus municipaux, résistants, héros ou martyrs de la Seconde guerre mondiale, cette rubrique retrace le parcours de communistes isséens afin de préserver cette mémoire collective.

 

ALFRED REPIQUET


Né le 7 mai 1854 à Paris (XIXe arr.), mort le 4 décembre 1940 à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) ; communard ; sellier, syndicaliste des Manufactures de tabacs ; conseiller municipal socialiste puis communiste d’Issy-les-Moulineaux.

Alfred Repiquet était fils d’un marchand de vins et est né le 7 mai 1854 à Paris, dans le 19ème arrondissement.
Il participa à la Commune de Paris et se battit sur les barricades pendant la semaine sanglante du côté de La Villette . Arrêté puis transporté à Cherbourg, il passa en conseil de guerre et fut acquitté. Il fut reconnu comme un vétéran de l’insurrection.
Alfred Repiquet travailla comme ouvrier sellier à la Manufacture des tabacs du Gros cailloux dans le 7ème arrondissement de Paris. Il fut l’artisan du syndicalisme des tabacs en région parisienne dans les années 1890, il intervint en province, notamment à Dieppe (1891) pour y constituer le syndicat ou la section syndicale des Tabacs. Lors des congrès de la Fédération nationale des ouvriers et ouvrières des manufactures de tabacs, qui eurent lieu en décembre 1891, décembre 1892 et juin 1894 à la Bourse du travail de Paris, Alfred Repiquet y représenta sa section, celle du Gros caillou. Pendant cette période pionnière, il siégea au comité central de sa fédération.
En 1904, il fut élu conseiller municipal d’Issy-les-Moulineaux avec Bourry, Bruneau, Caillez, Galice et Richier. Le 26 janvier 1905, il apparait dans une liste "d’ouvriers et d’ouvrières socialistes de la manufacture des tabacs du Gros Caillou", dans une "souscription pour les familles des victimes des massacres de Russie" publiée dans l’Humanité. Le Parti socialiste le présenta aux élections cantonales à Clamart en 1911.

Devenu communiste, il était un des animateurs de la section d’Issy-les-Moulineaux en 1924
. Alfred Repiquet utilisa son passé de communard pour porter un propos communiste.

Le 23 mars 1925, il participa à une réunion de commémoration de la Commune à Issy-les-Moulineaux. « D’une voix forte, malgré son grand âge, notre camarade énuméra les fautes de la Commune, cause de sa défaite : manque d’idéologie, d’unité politique, de discipline et d’organisation ; bavardages inconsidérés, lorsqu’il aurait fallu passer à l’action remis en question constante des décisions prises. Remerciant nos camarades de Moscou d’avoir en 1917 vengé ses frères tombés sous les balles versaillaises, Repiquet termina son bel exposé au milieu de l’émotion générale en exhortant tous les travailleurs à se grouper au sein du Parti Communiste, afin d’éviter demain les erreurs de 1871. Il insista aussi pour que l’ensemble du parti travaille dans les cellules, seule organisation capable de le lier étroitement à la Classe ouvrière, et de gagner sa confiance. » (l’Humanité, 1er avril 1925).

Le 31 janvier 1927, l’Humanité le présente ainsi : « Colosse aux cheveux blancs, Repiquet, qui vécut aux cotés de la vaillante combattante Louise Michel les jours héroïques de la Commune lui apporte en quelques paroles énergiques, le salut fraternel des survivants de cette époque ». En septembre 1928, Alfred Repiquet prit la parole au Père-Lachaise, lors de l’incinération de Vigey, porte drapeau de l’association des combattants de la Commune. Il dit qu’il « connut Vigey à la salle de la Marseillaise, rue de Flandre. Puis sont venues les barricades. Nous nous sommes perdus de vue. Lui combattit du coté de Belleville, moi à mon secteur de La Villette. ».

Regards du 25 mai 1934 l’interrogea et publia sa photo.
" ’je n’entends pas bien de ce côté là.../ Je suis vieux vous savez... Depuis quatre ans, je ne peux plus lire ; c’est ma femme qui me lit l’Humanité ; mais quelquefois elle se trompe, alors je m’en aperçois et je la fais relire... Mes souvenirs sur la Commune mes braves enfants !... C’est que ma mémoire est devenue infidèle... J’avais dix-huit ans en soixante-et-onze... J’étais de garde à la barricade quand les Versaillais sont arrivés. J’ai été fait prisonnier... On nous a emmené au camp de Satory..., Nous étions 15 000 ! Attachés cinq par cinq, les femmes comme les hommes ! De Versailles on nous a transportés à Cherbourg dans des wagons à bestiaux ! ... Quarante par wagon, il y avait vingt flics revolver au poing ! ... En rade de Cherbourg cinq bâtiments nous attendaient. On est restés pendant treize mois dans ces bâtiments, entassés comme des sardines, on mangeait à dix dans la même gamelle suspendue au plafond par des fils de fer !
_
_ Après on nous a ramenés à Paris. J’ai fait tout le voyage attaché avec un camarade ; on ne nous détachait même pas pour aller aux cabinets. On est resté enfermés pendant un mois au fort d’Issy. Ensuite on nous a transportés à la Manufacture de Sèvres, où on a passé au conseil de guerre. J’ai été acquitté à une voix de majorité. J’avais vingt ans."

Candidat sur la liste du BOP aux élections de mai 1929, il fut réélu le 12 mai 1935 sur la liste « antifasciste » dirigée par Victor Cresson* et désigné le 19 mai comme quatrième adjoint. Il fut déchu de son mandat le 9 février 1940 par le conseil de préfecture pour appartenance au Parti communiste.
Il mourut le 4 décembre 1940 à Issy-les-Moulineaux.

Source : fiche biographique du dictionnaire social Le Maitron https://maitron.fr/spip.php?article128594, notice REPIQUET Alfred, Jules, Jean-Baptiste par Claude Pennetier, Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 27 novembre 2021.

RETOUR PAGE MEMOIRES........................................................... RETOUR ACCUEIL

 

..