Discours
de Guy DUCOLONÉ
dimanche 26
août 2007 pour le 63ème anniversaire
de la libération de Paris
Déjà 63
ans.
Ils sont de moins en moins nombreux, ceux qui ont vécu ces
jours où Paris et les villes avoisinantes se libéraient
avec l’aide des troupes de l’armée Leclerc.
Je ne l’ai pas personnellement connue. Mais la nouvelle de
Paris libéré a très vite et très largement
franchi les frontières.
Août 1944 a été l’arrêt de l’enfermement
du pays et de son peuple sous la chape hitlérienne. Un rude
arrêt car les « enfermés » se sont levés
pour chasser l’envahisseur qui les tenait sous sa botte.
La libération est donc vivement ressentie par la population.
Chacun se dit : "Nous ne sommes plus soumis à l’occupation"
Et pour un grand nombre : "Nous nous battons contre l’occupant."
Ces jours-là Paris ajoute un nouvel épisode à
sa légende.
Celle qui remonte aux « révoltés du moyen âge
» ; aux révolutionnaires qui envahissent la Bastille
le 14 juillet 1789 ; au mouvement des « trois glorieuses »
en 1830 ; à la révolution de 1848 et à la proclamation
de la seconde République,
Ou encore aux insurgés de la Commune de Paris en réaction
au siège de Pais en 1870 par les Prussiens.
Un point était mis à quatre années d’occupation
hitlérienne et à la « collaboration du gouvernement
de Vichy » et de ces quatre années de privations pour
le peuple. C’était le résultat des victoires
des armées alliées, notamment américaines,
anglaises, françaises et soviétiques. Mais aussi de
quatre années de lutte clandestine des femmes et des hommes,
que l’on appelle « les Résistants ».
Pour ceux qui combattaient sur d’autres fronts, pour ceux
qui se trouvaient dans les griffes de l’ennemi, c’était
le signe d’une prochaine libération.
Je veux dire aussi que le soulèvement parisien, celui des
autres villes ne sont pas nés spontanément. Ils sont
le résultat de mois et de mois, d’années,
- d’inscriptions sur les murs,
- des tracts – plus ou moins bien tirés – glissés
sous les portes ou encore lancés à la volée
à la sortie d’une usine ou sur le marché.
Puis il y eut les attentats
contre les installations allemandes ou contre des militaires. Ce
fut le coup de feu de Fabien, en août 1941.
Dans cette ville, à plusieurs reprises, l’entreprise
dite « le Raphia » fut incendiée. Elle produisait
des filets de camouflage.
A l’intérieur des usines, les actes de sabotage sont
organisés.
Il y eut aussi les manifestations de rues :
- celle des étudiants le 11 novembre 1940
- celles du 14 juillet 1941 puis celle en août de la même
année sur les boulevards avec des centaines de jeunes filles
et jeunes gens.
Deux d’entre eux -deux jeunes communistes- sont arrêtés
et fusillés. Ils furent désignés sur des affiches
par
Le juif Samuel Tyzelman,
Le nommé Henri Gautereau.
Et il y eut tout un tissu
de réseaux :
Ceux qui recherchaient des renseignements pour les alliés,
Ceux qui aidaient les militants clandestins en les accueillant,
Ceux qui faisaient passer les frontières.
Il y eut ceux qui ont soustrait des juifs des rafles hitlériennes.
Rappelons à ce sujet que plus de 200 000 juifs vivaient alors
en France. 120 000 purent échapper aux arrestations.
C’est ce thème : « l’aide aux personnes
persécutées et pourchassées en France pendant
la Deuxième Guerre mondiale » qui est retenu pour le
concours 2007/2008 de la Résistance et de la Déportation.
Certes il y eut des traitres, des dénonciateurs, des admirateurs
des nazis. Il y eut ceux qui courbèrent le dos dans l’orage.
Mais dans son ensemble, notre peuple, même ceux qui n’ont
agi qu’en août 1944, était hostile à l’occupant.
Ils étaient français et étrangers
Louis Aragon l’a justement montré dans son poème
sur Manouchian et l’Affiche rouge :
« Nul ne semblait
vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos
Morts pour la France
Et les sombres matins en étaient différents »
Cette bataille multiforme a été victorieuse par le
soulèvement populaire mais elle n’aurait pu l’être
sans l’avance des armées alliées parmi lesquelles
les combattants de la deuxième DB entrés à
Paris le 25 août 1944 .
Parmi eux ces jeunes hommes et femmes des armées d’Afrique.
Et il faut y ajouter tous ces jeunes gens qui se sont alors engagés
et ont poursuivi le combat jusqu’à la victoire du 8
mai 1945. Ils furent 13.000 à être incorporés
à la Libération.
Toutes ces pages de
notre histoire ne peuvent pas tomber dans l’oubli. Elles soulignent
que dans les moments difficiles des femmes, des hommes et parmi
eux beaucoup de jeunes ont, au mépris de leur propre vie,
agi pour le bonheur de tous.
Il convient également de ne pas baisser la garde et gagner
pour ce combat de nombreux « Messagers et messagères
» de cette mémoire d’une période dure
mais belle par tous les actes de courage qu’elle a révélés
et inspirés.
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