Le
parti communiste a été fondé en 1920. Depuis
sa création, une vie militante communiste a vu le jour à
Issy-les-Moulineaux et perdure encore aujourd'hui.
Depuis plus d'un siècle maintenant, des hommes et des femmes
militent pour la justice sociale et la paix.
Leurs histoires sont intimement liées à la ville et
parfois même à l'histoire de la France. Militants,
élus municipaux, résistants, héros ou martyrs
de la Seconde guerre mondiale, cette rubrique retrace le parcours
de communistes isséens afin de préserver cette mémoire
collective.
GUY
DUCOLONE
Né le 14 mars
1920 à Monsempron-Libos (Lot-et-Garonne), l’enfance
de Guy Ducoloné se déroula à Périgueux
(Dordogne), puis à Paris après la crise.
Son père était ouvrier menuisier-charpentier et sa
mère, d’abord saisonnière (casseuse de noix),
fut ensuite employée dans une chocolaterie, enfin concierge
dans le XIVe arr. de Paris, de 1931 à 1938.
Après son certificat
d’études primaires en 1932, Guy Ducoloné suivit
durant deux années le cours complémentaire et intégra
l’École d’apprentissage Jules Richard, dans le
XIXe arr., d’où il sortit avec un CAP d’ouvrier
en instruments de précision.
Avec l’un de ses
amis, Guy Ducoloné s’inscrivit au cross de l’Humanité
en 1934, puis en 1935. En cette période de bouillonnement
socio-politique, Guy Ducoloné se mit à lire régulièrement
l’Humanité et adhéra à la Jeunesse Communiste
du XIVe arr. en 1936.
En 1938, il suivit l’école
du soir de la JC de Paris et fut, en 1938-1939, secrétaire
de la JC du XIVe arr.
Il adhéra au PCF en 1938 et,
aux Ateliers Jean Carpentier, moyenne entreprise où il fut
embauché après son CAP, il contribua à créer
une cellule. Il y développa aussi une activité syndicale,
qui déboucha - dans cet établissement non touché
par le mouvement du printemps 1936 - sur une grève unanime,
le 30 novembre 1938, ce qui valut au personnel un lock-out d’une
semaine.
Syndiqué durant son apprentissage,
il a tout au long de sa vie eu sa carte de la CGT.
Durant la drôle
de guerre, Guy Ducoloné fut responsable de la JC du XIVe
arr. et appartint à ce titre au triangle de direction du
PC dans le XIVe arr.
Le 8 juin 1940, il fut
mobilisé dans la DCA, à La Rochelle. Alors que sa
caserne était encerclée par les Allemands, il parvint
à s’échapper et à gagner Toulouse. Il
fut alors, comme tous les jeunes du 1er contingent de la classe
40, versé dans un chantier de jeunesse à Saurat en
Ariège. Il fut démobilisé à la fin de
janvier 1941.
À Paris, Guy Ducoloné retrouva son travail aux ateliers
Jean Carpentier.
Il poursuivit par ailleurs son activité clandestine de Résistance.
De février à novembre 1941, il dirigea la JC, d’abord
du XIVe arr., puis d’un secteur couvrant les Ve, VIe, XIIIe,
XIVe et XVe arr. : il fut ainsi un des organisateurs de la manifestation
parisienne de jeunes du 13 août 1941 sur les grands boulevards
et de celle de la rue de Belleville.
De novembre 1941 à avril 1942, il appartint, sous le pseudonyme
de Raymond, au triangle de direction de la JC, plus spécialement
affecté aux problèmes de recrutement et de passage
à l’OS (organisation spéciale) pour le compte
du Front national de lutte pour l’indépendance de la
France. À ce titre, il participa à plusieurs opérations
contre des installations allemandes.
Arrêté le 1er mai 1942,
ayant, sans parler ni indiquer ses responsabilités, subi
la sauvagerie des interrogatoires policiers.
Guy Ducoloné fut condamné, le 30 septembre, à
cinq ans de prison et 1 200 F d’amende. Après la Santé
et Fresnes, il fut enfermé à la Maison centrale de
Melun, puis à Châlons-sur-Marne, participant dans ces
deux dernières prisons à l’organisation clandestine
des détenus et aux deux tentatives d’évasion
collective.
Il fut un des rédacteurs du Patriote enchaîné
à Melun.
Du camp de Compiègne,
où il fut transféré en mars 1944, il fut déporté,
le 12 mai.
Arrivé à Buchenwald le 14 mai,
il reçut le matricule 51 018. Après la «
quarantaine » sous des tentes dans le petit camp, il fut affecté
au camp central au block 45, et dans le Kommando de l’usine
Gustloff en fonction d’ajusteur.
Il fut à ce moment chargé de la responsabilité
du sabotage au hall 11 de la Gustloff où l’on travaillait
sur des appareils, au montage de pièces destinées
aux têtes des fusées V2.
Dans le block 45, il était responsable du Front national
français. Le 11 avril 1945, il participa
dans le bataillon Saint-Just, à la libération du camp,
quelques heures avant l’arrivée des troupes américaines.
Il revint à Paris le 29 avril.
Quelque temps après son retour de déportation, Guy
Ducoloné devint permanent à l’Union de la jeunesse
républicaine de France pour la Seine. Il suivit une école
fédérale de quinze jours (juin 1945), puis, du 25
février au 11 mai 1946, l’École centrale d’Arcueil,
en même temps que Madeleine
Vincent, qu’il épousa le 26 novembre 1946. Appartenant
depuis 1945 au secrétariat de la Seine de l’UJRF, Guy
Ducoloné fut, en 1946, élu au bureau national, puis
au secrétariat national et, de 1950 à 1955, secrétaire
général de l’UJRF.
Durant cette période,
il anima la lutte contre la guerre d’Indochine, contre
les deux ans de service militaire et pour les droits de la Jeunesse.
Il fut élu, en avril 1950, membre suppléant du comité
central du PCF (titularisé en juillet 1956).
Impliqué comme la plupart des dirigeants de l’UJRF
dans ce qu’on appela le « complot
des pigeons », Guy Ducoloné fut emprisonné
du 7 octobre 1952 au 25 août 1953.
Il passa près de onze mois à
Fresnes avec Alain Le Leap et Lucien Molino de la CGT, André
Stil, rédacteur en chef de l’Humanité, Louis
Baillot, Paul Laurent et Jean Meunier de l’UJRF.
Le complot tourna court grâce notamment à l’efficacité
des avocats des inculpés. Il se termina
par un non-lieu pour tous.
Alors
qu’il était derrière les barreaux, il fut, en
mai 1953, élu conseiller général dans le 2e
secteur de la Seine (cantons de Sceaux et Vanves).
Libéré de ses fonctions à l’UJRF en 1955,
Guy Ducoloné fut envoyé par le PCF comme instructeur
dans le Finistère. Il y resta une année.
Le XIVe congrès (juillet 1956) élit, parmi les 6 secrétaires
du comité central, des membres du comité central n’appartenant
pas au BP : Guy Ducoloné, Gaston Plissonnier, Gaston Viens.
Guy Ducoloné fut affecté à la section des cadres,
où il demeura jusqu’en 1965, donc après avoir
quitté en 1959 le secrétariat du PCF. Il organisa
ainsi, avec Léon Feix, qui était membre du bureau
politique, les journées nationales d’études
sur la montée des cadres, les 3 et 4 avril 1965, en présence
de Waldeck Rochet et Georges Marchais.
Durant un tiers de siècle, Guy Ducoloné
se consacra essentiellement à ses activités d’élu.
Il fut conseiller général
durant 35 ans (1953-1988), présidant le groupe communiste
du conseil général de la Seine durant deux années,
puis lors de la création, en octobre 1967, du conseil général
des Hauts-de-Seine.
Aux élections législatives de 1962, il fut élu
suppléant de Léon Salagnac, et, à sa mort,
en décembre 1964, devint député.
Réélu en juin 1968, son
élection fut invalidée, mais il fut réélu
en décembre avec un important gain de voix et garda
son siège jusqu’en 1988.
Durant ces 24 ans, il appartint à la Commission des lois
constitutionnelles, de la législation et de l’administration
générale de la République également.
Vice-président du groupe communiste, il fut en 1976-1977
et de 1981 à 1986, vice-président
de l’Assemblée nationale.
Comme député, il fut de 1976 à 1986 membre
du conseil régional d’Île-de-France.
Il
fut enfin conseiller municipal d’Issy-les-Moulineaux, où
il habitait, de 1973 à 1977 et de 1982 à 1992.
Comme parlementaire, il intervint à de très nombreuses
reprises, tant sur des questions juridiques que sociales. Il fut
notamment, en mai 1986, le rapporteur de la commission des lois
pour accorder la mention « mort en déportation
» pour les déportés qui ne sont pas rentrés
en 1945.
En 1989, Guy Ducoloné fut élu à la présidence
de l’Association française Buchenwald-Dora et Kommandos
et son président délégué en 1991. Ce
fut dès lors sa principale activité. De septembre
1995 à septembre 1997, il fut aussi membre de la section
du « Travail » au Conseil économique et social.
Déporté-Résistant, il
fut décoré de la croix de guerre (1946), médaille
de la Résistance (1947), médaille militaire (1991),
chevalier de la Légion d’honneur (1994).
Source
: fiche biographique du dictionnaire social Le Maitron, dernière
modification 7 novembre 2019.
LIENS
Superbe
document vidéo de l'INA : Guy Ducoloné parle de sa
vie (entretiens
patrimoniaux)
Album
photos (source PCF Issy)
Discours
de Guy Ducoloné pour l' anniversaire de la déportation
25 avril 2004 (source PCF Issy)
Discours
de Guy Ducoloné pour le 60 éme anniverssaire de la
libération de Paris le 29 août 1944 (source PCF
Issy)
Discours
61ème anniversaire de la Libération de Paris ( 28
août 2005) (source
PCF Issy)
Discours
63ème anniversaire de la libération de Paris (source
PCF Issy)
Discours
journée de la déportation avril 2008
(source PCF Issy)
Article
de l'Humanité du 26 Août 2008
Hommage
de Lysiane ALEZARD le 1er septembre 2008 (source PCF Issy)