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DES HAUTS-DE-SEINE LIBERTE - EGALITE - FRATERNITE ____________ _________
DES 18 ET 19 DECEMBRE 2003
INTERVENTION DE NADINE GARCIA Monsieur le Président, cher(e)s collègues, La réalité du 92 est bien éloignée de l'image d'un département où il ferait bon vivre comme vous le présentez. Les Hauts de Seine sont un département particulièrement inégalitaire où le luxe côtoie la misère. En effet, il n'est pas besoin d'aller chercher celle-ci à l'autre bout du pays pour la rencontrer. Dans notre département, elle est présente chaque jour au sein de nombreux foyers. Comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire au sein de cette assemblée, le constat que l'on peut faire est affligeant. 4 millions de personnes [en France !!] vivent sous le seuil de pauvreté, ce chiffre a augmenté de 2,2% en 2002 et, malheureusement, tout indique qu'en 2003, ce sera pire !! Au regard de ces chiffres, il est estimé que ce sont 70 000 Altoséquanais qui vivent au dessous du seuil de pauvreté. Ce sont des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui subissent de plein fouet les conséquences de la politique ultra libérale qui est devenue le dogme de notre société. Ce sont des catégories très diverses de la population qui sont atteintes : en premier lieu les familles frappées par le chômage, la précarité, mais aussi celles qui ont des petits salaires, les familles monoparentales, etc Avec mon groupe, nous refusons
d'accepter cette situation comme une fatalité. Faut-il
le répéter ? Notre pays est l'un des plus riches
du monde, dans les tous premiers rangs des richesses produites
par habitants. Et, dans notre pays, notre département
est le plus favorisé de tous. Dans notre département force est de constater que la politique sociale n'est pas au niveau des besoins et que nombre de circonscription sont submergées par des demandes croissantes de personnes en difficulté. Chacun le sait ici, le nombre de travailleurs sociaux est insuffisant et dans certaines communes des postes restent vacants. Aussi, je réitère la demande faite par ma collègue Michèle Fritsch le 14 novembre dernier que le département ait une politique offensive d'embauche de travailleurs sociaux assortie de davantage de bourses. Parallèlement, on assiste à une situation paradoxale où, alors que les situations des personnes suivies sont de plus en plus lourdes, des aides comme certaines du programme d'actions de proximité ne sont que partiellement consommées (même si je dois noter un meilleur niveau de consommation) sans parler de l'allocation de solidarité qui voit ses fonds diminuer d'année en année. A l'évidence, il faut donc redéfinir les critères d'accès aux diverses aides sociales afin que les travailleurs sociaux, en fonction du travail engagé avec les familles, puissent disposer des réponses nécessaires. En ce qui concerne le logement, comment accepter que de nos jours il reste tant de logements insalubres ? Nous peinons à les résorber dans notre département. Pourtant il en va de la dignité des êtres humains qui sont tenus d'y demeurer, faute de moyens suffisants pour vivre de façon convenable. Ce n'est pas tolérable. D'autre part, je tiens à dénoncer de nouveau, dans cette enceinte, le dispositif départemental d'accueil de personnes ou de familles dans une situation d'extrême difficulté. Le fait que plus de la moitié des hébergements d'urgence se situe sur le territoire de Nanterre montre à lui seul la nécessité absolue de mettre en uvre une toute autre politique. Les relogements en hôtels, financés par le Conseil Général, qui sont très coûteux et inadaptés, ne témoignent pas d'une volonté politique réelle pour accompagner ces personnes en grande fragilité. J'ai, à plusieurs occasions ici, expliqué les conditions indignes vécues par des familles logées à Nanterre, à l'hôtel Moderne ou à l'hôtel social du Cash .. ce dernier venant enfin, et heureusement, d'être fermé même si je déplore qu'une solution reste encore à trouver pour une famille particulièrement fragile. En ce qui concerne le logement social, un problème majeur dans notre département, il faut bien à nouveau constater que, plus encore que dans les autres départements d'Île-de-France, les Hauts-de-Seine souffrent d'un manque criant de logements accessibles à tous. Les déséquilibres entre parc privé et social s'accentuent. Trop de villes de notre département ne s'engagent pas dans une politique de construction de logement social et reportent sur d'autres une pression difficile à contenir et particulièrement injuste. Ainsi le fait que des villes comme Boulogne, Levallois, Neuilly, Rueil, par exemple, ne construisent pas de logements sociaux alors que leur taux est particulièrement faible est inadmissible. Et que dire de la ville de Puteaux
qui, non seulement, ne construit pas de logements sociaux sur
son territoire mais avance dans son Plan Local d'Urbanisme l'idée
que pour être plus tranquille on pourrait détruire
ceux des voisins. De plus il convient de dénoncer, au sein de cette enceinte, la politique de relogement pratiquée par l'Office Départemental qui conduit - délibérément - à concentrer, dans de mêmes secteurs, de nombreuses familles en difficulté. Peut-on me dire, ici et tout de suite, pourquoi ne pas reloger ces mêmes familles à Courbevoie, Levallois, Neuilly ou Rueil, alors que souvent ce sont leur commune d'origine ? Cela permettrait une réelle mixité sociale, mettrait réellement en uvre une politique de solidarité et, pour Nanterre, permettrait de répondre plus facilement aux 2800 demandeurs de logements. Il faudra bien qu'un jour cesse cette politique délibérée qui destabilise des quartiers entiers où la situation est telle maintenant qu'il devient très difficile d'y conduire tout travail social. Ces mêmes quartiers où le manque de travailleurs spécialisés dans la prévention est particulièrement criant. Là aussi, le terrain est laissé libre pour des responsabilités que devrait assumer notre Conseil Général. Cette attente, ce laisser faire se constate aussi dans la politique concernant la petite enfance. Où en est-on des réponse à apporter aux milliers de parents qui attendent une place pour leur petit enfant ? Nous condamnons le désengagement
du département dans ce domaine, privilégiant l'aide
à domicile moins coûteuse que l'aide au développement
de structures collectives qui manquent cruellement dans notre
département. Nous avions préconisé la création de 5000 places et l'ouverture d'une école de puéricultrices et d'auxiliaires de puériculture. Concernant l'action en direction des personnes âgées, le plan gouvernemental a suscité bien des déceptions parmi les professionnels et les associations concernées, apportant des réponses bien en deçà des besoins révélés par le drame de la canicule de cet été. Pour ce qui concerne l'intervention du département, des mesures novatrices et des moyens conséquents devront être dégagés dans le cadre du nouveau schéma gérontologique, et on ne pourra pas se limiter au plan vermeil. Mais sans attendre nous demandons que notre département, comme d'autres l'ont déjà fait, apporte une aide aux personnes âgées dépendantes à domicile en créant une allocation départementale d'autonomie visant à ouvrir la prise en charge des aides à domicile dès le dépôt du dossier de l'APA. Concernant le projet de décentralisation du RMI et la mise place du RMA, je tiens à rappeler notre hostilité au principe même et au contenu du projet. Celui-ci centralise l'ensemble des pouvoirs de décision sur le seul président du Conseil Général, qui désignera les membres du nouveau conseil départemental et des commissions locales d'insertion ; l'Etat se désengageant ainsi de ses responsabilités au regard de la nécessaire solidarité nationale. Nous regrettons l'absence de
concertation et la précipitation avec laquelle tout cela
s'est décidé. Confier aux employeurs la responsabilité du parcours d'insertion est une aberration quand l'on connaît déjà actuellement les carences permanentes en ce domaine. Voilà, Monsieur le Président,
les remarques et les propositions que nous souhaitions formulées
afin que les inégalités, les exclusions reculent
dans notre département. |